Un film plein de faux semblants où l'image est menteuse et qui s'inscrit parfaitement dans la lignée des thématiques chères à Fincher. Il dépeint une image des médias et de la masse peu valorisante mais s'attarde surtout à décrire la laideur des individualités. Il le dit lui-même, l'être humain est un être pervers par nature. Au final, ce que crée le personnage d'Amy (Rosamund Pike) n'est rien d'autre que le reflet de fantasmes de la société en quête de sensation, elle offre aux médias et à la masse quelque chose à dévorer et ceux qui en sont victimes sont également consumés ; la vérité compte bien peu tant que chacun y trouve son compte.


Toute cette réflexion est très bien menée car Fincher ne s'intéresse pas à laisser des indices ici et là mais s'applique à montrer que chacun est bloqué dans ses représentations. Cela crée le sentiment que les choses nous échappent parce qu'aucune des directions proposées par le film dans sa première moitié n'est satisfaisante, chacun fait fausse route à sa façon. Ce n'est qu'une fois que Fincher autorise le spectateur à découvrir la vérité de manière non personnifié que celui-ci prend la mesure des choses. Mais là encore, cette vérité semble bien désuète car personne ne cherche à la rétablir mais on s'attarde plutôt à trouver sa satisfaction dans le mensonge qui a été construit. Les victimes de ce mensonge elle-même cherche à le raccommoder dans leur sens.


Au-dessus de tout ça, on a le personnage d'Amy, qui a orchestré ce mensonge. Tout au long du film, elle demeurera insaisissable jusqu'à la toute fin où l'on réalise qu'elle est prisonnière d'un fantasme qui nous échappe et c'est pourquoi ses intention sont toujours troubles. A l'image de ses parents qui lui ont créé un alter-égo fictif et parfait, elle se reconstruit dans ce fantasme qui l'arrache peu à peu de la réalité. Avec la participation des médias, elle fait de ce fantasme une réalité et son mari (Ben Affleck) s'y trouve piégé à son tour et choisit finalement de s'y abandonner.


Ce qui est dommage, c'est que le film n'insiste pas trop sur tout ce qui amène à Amy a agir comme ça et nous offre seulement des prétextes. Pour moi, le rôle des parents sur sa "folie" est primordial et malheureusement je trouve que le film insiste trop peu là-dessus. Ce n'est pas que cela nous empêche de comprendre leur implication, mais c'est trop contre-balancé par l'aspect psychopathe grandissant d'Amy ce qui nuit au personnage qui est trop représenté par les conséquences que par les causes. Amy est une femme détruite (et depuis longtemps) avant d'être une femme destructrice, et le film n'insiste pas assez dessus.


Malgré ça, ce thriller est une réussite indéniable, complètement empreinte de la patte Fincher que ça soit dans ses thématiques que dans la mise-en-scène. En plus de cela, on a une jolie troupe, tous parfaits, ceux que l'on attendait: Ben Affleck (plus que solide), Rosamund Pike (absolument parfaite, elle incarne à merveille le côté insaisissable et ambiguë de son personnage), Carrie Coon (j'insiste pas dessus, cette femme devrait être dans tous les films), Kim Dickens ; et ceux qu'on attendait pas trop ici, genre Neil Patrick Harris et Tyler Perry...

LeJezza

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