Après mon petit congé, je reprends donc le cinéma regonflé à bloc et Goyokin est une bonne occasion pour s'y remettre. Doté d'une excellente réputation et d'un cinéaste qui ne l'est pas moins, Hideo Gosha, ce film est au chambarra ce que Keoma ou Pale Rider est au western.

Honnêtement, j'ai quand même plus d'affinités avec le genre du western que celui du chambarra. Il est vrai toutefois que je n'en ai pas vu beaucoup du genre. Honnêtement, Goyokin est un film qui m'est paru sympathique, mais possédant néanmoins quelques longueurs et surtout un souffle épique un peu manquant.

En revanche, l'oeuvre est admirablement portée par un acteur principal tout simplement superbe qu'est Tatsuya Nakadai. Certainement, un plus à lui tout seul. Certains plans sont également remarquablement travaillés, doté d'une photo plutôt réussie. L'histoire n'est pas sans rappeler les nombreux westerns qui fleuriront par la suite en Amérique ou en Europe.

L'histoire manque pour moi clairement d'un souffle épique. On est à la fin d'une ère au Japon. Les samouraïs, autrefois le fleuron des clans nippons, ne sont désormais plus que des gens réduits à commettre des méfaits et des meurtres pour pouvoir s'en sortir. Tout le film surfe sur ce ton crépusculaire. Il se ressent constamment dans ce personnage de Magobei, honteux d'avoir pu être complice du massacre d'un village de pêcheurs. Evidemment notre héros est constamment marqué par le remords, voulant abandonner son statut de samouraï avant que son chef de clan ne décide de remettre le couvert.

L'oeuvre est également un chemin vers la rédemption pour Magobei qui va pouvoir s'absoudre de ses fautes en sauvant le village de pêcheurs visé par son clan. C'est sur ce ton à la fois crépusculaire et rédempteur que l'oeuvre se déroule. Il est clair que sur ce point, c'est plutôt réussi. Il manque pourtant du rythme, des combats un peu plus impressionnants et une mise en scène que j'estime parfois quelque peu défaillante. Deux idées en tête qui me viennent est la découverte du village de pêcheurs par la jeune femme et les nombreuses séquences de corbeaux. On peut, me semble-t-il, y voir la tête d'un cadavre dans une des maisons et le narrateur explique pourtant que personne n'a pu être retrouvé. De temps en temps, les coupures sont brusques et des images ne restent qu'une seconde à l'écran. Un rien trop clipesque à mon goût. L'autre idée en tête est ce bateau qui se retrouve entre les deux parties de la montagne en feu et qui ne sait pas ou aller et reste en plein milieu du récif... Si le navire sait d'où il vient et connait notamment ce fameux point qu'est le pic, il sait logiquement où il doit passer sans que les feux ne soient éteints.

Bref, des menus détails, mais tout de même. Le film est parfois un peu trop bavard alors que dans les westerns, les personnages me semblent plus renfermés sur eux-mêmes, nettement moins prêts à discuter, s'occupant essentiellement de leur mission. Ici, le retour de l'épouse de Magobei pour l'empêcher de retourner vers son clan n'amène finalement qu'un peu de longueur à un événement dont on se passerait bien. Même si le chef envoie sa soeur pour empêcher le retour de Magobei, on sait évidemment qu'il refusera la proposition de sa femme pour accomplir sa mission.

Bref, des petits trucs à gauche à droite qui m'empêchent de pleinement jouir de ce film. Le final est par contre fantastique avec ces petites phrases de Magobei et son départ du village dans la neige, vers une nouvelle route, un nouveau destin. La musique sert admirablement bien le film.
batman1985
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le 13 janv. 2013

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