Le jour où tout a basculé.

Un village de pêcheurs se voit dépeuplé de ses habitants en une nuit. Il se murmure que ces étranges disparitions sont l’œuvre des dieux qui ont emporté avec eux les villageois. La légende est là pour cacher une toute autre vérité. L'ouverture du film donne clairement le ton, le film sera noir. Les personnages sont tous dans une fuite. La seule rescapée du village fuit le destin qu'elle n'a pas pu accomplir. Tandis que le samouraï Magobei lui n'a plus foi en son métier. Les deux sont victimes du même traumatisme, celui de la fameuse nuit durant laquelle les villageois ont disparu. Depuis cet instant Magobei a renoncé à son clan, il erre sur les routes en pourfendant ceux qui veulent se mesurer à lui. Il est d'ailleurs prêt à totalement raccrocher quand une nouvelle va venir changer la donne.

L'image du film est sombre. Si on regrette que les éclairages ne soient pas aussi bien travaillés que chez Kurosawa ou Misumi, cet aspect gris de l'hiver vient renforcer cette sensation de froideur et de désespoir que vivent les personnages. Cependant si l'image apporte une réelle ambiance, elle fait tout de même très série b. Ce qui dessert l'esthétisme du film, car si tout avait été plus beau visuellement Goyokin aurait pris une autre dimension. Les cadrages eux non plus ne sont pas constamment beaux, le placement de la caméra est parfois mal choisi. À cause de ces problèmes (qui ne sont là que par instant tout même), le film fait clairement film à petit budget. L'histoire bien que classique est très bonne. Elle est surtout très bien contée par son réalisateur, qui emporte ses personnages sur la route de la renaissance qu'ils cherchent depuis le jour où tout a basculé(le nom d'une série se cache ici) . Quelque chose a été brisé, maintenant pour eux plus rien ne sera pareil, et rien ne pourra réparer cette profonde cassure. Cet homme doit continuer son chemin tout en portant avec lui son lourd fardeau. La noirceur du film fonctionne pleinement, on ne retrouve pas ici un ton ironique ou humoristique comme on peut le voir chez d'autres réalisateurs. L'ambiance est sombre du début à la fin.