Alexandre Guérin, père de famille nombreuse et catholique pratiquant, découvre que le prêtre qui l’a abusé enfant, est toujours en activité. Il en informe le cardinal Barbarin, qui peine à agir. Une plainte est alors déposée, encourageant d’autres victimes à témoigner.
Sur l’esplanade de Notre-Dame de Fourvière s’avance l’archevêque qui s’en va bénir la cité. La basilique blanche domine Lyon et pèse de tout son poids sur les âmes et les consciences. Issus de milieux différents, Alexandre, François et Emmanuel, se rejoignent dans le traumatisme. Ils ont tous trois, comme tant d’autres, subi les attouchements, les étreintes et baisers d’un homme d’église et de confiance. Les ailes brisées, ils se sont construits en oubliant, niant ou somatisant leur mal, avec ou non le soutien de leurs proches. Face au silence insupportable de l’institution, la parole se libère et eux aussi.
Ozon souffle sur les flammes de l’enfer dans cette histoire vraie et pas encore jugée, au risque de les attiser. Les accusés portent leurs vrais noms, au contraire des plaignants. Mais l’agent provocateur du cinéma français évite le brûlot anticlérical attendu. « Je ne fais pas ça contre l’Eglise, mais pour l’Eglise », clame l’un de ses personnages. Porté par des acteurs justes, son enquête reste digne de bout en bout, sans tomber dans la vindicte radicale ni dans le voyeurisme. Face à la force des mots, les scènes du passé, pas toujours nécessaires, entraînent une émotion plus évidente. Au contraire, si rares à l’écran sont les hommes fragiles et victimes. Leur témoignage est ici bouleversant.
8/10
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