Film absolument magistral.
Assurément un des meilleurs Ozon et la première grosse claque de l’année.
Véritable tour de force cinématographique et narratif sur un sujet qui sent la poudre et dont on peut très aisément se prendre les pieds dans le tapis.
Ozon réussit à captiver d’emblée grâce à un sens du rythme et du montage audacieux. Une des nombreuses forces du film est d’avoir choisi 3 personnages à la fois différents (classe sociale, tempérament, rapport à l’Eglise) et complémentaires qui vont se relayer aussi bien d’un point de vue de la narration que dans la progression de leur combat. Ceci va se répercuter sur la mise en scène qui va évoluer et s’adapter à chaque personnage. Mais en règle générale, celle ci reste sobre et arrive à s’effacer derrière le sujet qui est déjà imposant.
Le film se distingue de SPOTLIGHT (qui traitait du même thème) par le fait qu’il évacue toute recherche de culpabilité par les protagonistes puisque le prêtre en question a avoué très vite ses crimes. Dès lors, on va plutôt se soucier de la manière dont va se propager cette souffrance collective et de comment va s’organiser ce combat.
Outre leur blessure individuelle évidente, il est frappant de voir à quel point les rapports familiaux ont été, quelques soient les personnages, intoxiqués par cette histoire. Les seconds rôles ont tous leur importance pour différentes raisons dramatiques: les compagnes féminines, les parents, les frères.
Il serait trop long d’énumérer la liste des problématiques abordées dans le film mais on retiendra en particulier son utilisation des mots et du langage qui tient une importance capitale. Le film aborde avec une grande lucidité la culpabilité et la responsabilité des différents protagonistes mais aussi le dilemme du pardon chrétien et de la Justice.
Une autre qualité du film est de ne pas tomber dans le voyeurisme (Ozon n’oublie pas de suggérer la monstruosité des actes mais s’arrête toujours au bon moment). De même qu’il n’est jamais manichéen: ce n’est pas un simple combat entre les bons et les méchants.
Bravo à Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud qui sont éblouissants de vérité et d’humanité.