Les attentes qui nuisent à l'appréciation d'un film, c'est l'apanage de tous les visionnages retardataires dont je suis malheureusement coutumier, et cette déception programmée semble avoir servi de socle pour nombre de diatribes trouvées çà et là sur Sens Critique.


Cependant, ces attentes a priori faussée sont assez faciles à mettre en veille.


Il en est autrement de celles que le film met en place dès ses premières minutes.
L'élégance du sound design - qui restera d'ailleurs à la hauteur tout le long du film, participant très activement à l'ambiance générale, sa sensualité à la fois brute et mélancolique avec une force évocatrice de tous les instants -, la beauté contemplative de la musique, la force évocatrice du thème principal très "épouvante italienne 70's" dans sa version électrique, et tendant plus vers le bon coté de Max Richter pour les versions acoustiques, l'étonnante efficacité avec laquelle le cadre et les enjeux sont posés - à court terme comme en profondeur -, la froideur du cadre, la sensation de perte de repère lors du bizutage, l'utilisation sobre et efficace de pointes de ralenti, bref, tant en terme de propos que formellement, ça envoie!
Difficile, en ces termes, de ne pas espérer le pendant anthropophage de l'excellent February, ou éventuellement du magistral The VVitch. Suffisamment d'éléments le laissaient présager.
Et l'actrice principale réussit une danse d'équilibriste particulièrement à propos... Du moins la plupart du temps.
Mais les défauts sont là, et ils pèsent dans la balance.
On pourrait causer de l'Image De Trop - la lascivité forcée de l'héroine bourrée lors d'une des soirées étudiantes est vraiment ridicule et vient gâcher une scène pourtant bien amorcée... -, du jeu souvent moyen de la grande soeur - difficile de l'imputer à l'actrice, qui réussit souvent à rendre la réplique à sa frangine, mais plutôt à une écriture mal branlée du personnage, trop fonctionnalisée et caricaturale -, et de tous ces défauts, moments de flottements, de gratuité, souvent justifiés à terme, mais mal équilibrés malgré tout, et parfois ridicules.
Reste une justesse générale du ton, crue, efficace qui sauve les meubles, nombreuses scènes intenses et maîtrisées - l'échange de regard entre les soeurs au point de basculement du film -, et un final risqué, mais qui réussit à faire mouche.


Donc non, Grave n'atteint pas les marches du panthéon cité plus haut, mais il mérite qu'on s'y intéresse, et que l'on suive avec attention sa réalisatrice.

toma_uberwenig
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le 27 mai 2017

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toma Uberwenig

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