Grave est un film rare, perturbant, drôle, absurde, gore, cruel...
La dévoration est ici un motif, celui du changement, du passage à l'âge adulte, d'une mue (au propre et au figuré dans le film) imparable dans la vie pleine de déterminisme de Justine. C'est aussi un film de femme(s), avec un regard sur le corps très intéressant et rare dans le cinéma où l'intimité est filmée sans esthétique érotisante. Je ne suis pas un défenseur de la notion de genre dans la création, mais force est de constater que la façon dont on montre l'intime dans ce film est unique, probablement car derrière la caméra se trouve Julia Ducourneau.
La féminité dévorante est à la fois un enjeu scénaristique, mais aussi un choix graphique rafraîchissant. Le film sait aussi être esthétique avec des lumières sublimes. Il ménage aussi son suspens et offre une fin à l'américaine sans franchir le pas de trop dans le grotesque. Si le jeu des acteurs n'est pas toujours parfait (surtout en ce qui concerne la grande sœur), sortir ce film aujourd'hui et trouver un public ? Bravo !
Mention spéciale au clip show sur « plus pute que toutes les putes » d'Ortie et au thème principal du film qui accompagne goulûment LA scène du film, celle du doigt.
Vivement le prochain Julia Ducournau ! Garrance Marillier est aussi à suivre tant elle a su me séduire, me dégoûter et me faire peur, sans jamais abandonner sa frêle carrure et ses poils sous les bras.