Après l'avoir revu, j'avais enfin compris

Ce n’est pas mauvais mais je ne suis pas le public cible.

Le film est très propre et a une lumière typiquement française, ce qui lui donne une aura un peu particulière comme La Crème De La Crème (que je vous ai déjà recommandé et que je vous recommande toujours). La mise en scène alterne les ambiances froides en plans fixes (comme la scène d’ouverture) et les ambiances plus chaudes en plans mouvementés (souvent faits à l’épaule).

La musique (hormis la chanson d’Orties) rend bien hommage aux films de John Carpenter (qui ont très mal vieilli). Mais voilà, reste qu’il y a un rythme que je n’aime pas et je trouve le film trop sage. Le film est très sobre, n’en fait pas des caisses, mais je trouve qu’il manque un peu d’audace. Y a quelques petites incohérences dans le scénario (pourquoi l’infirmière fume dans sa salle ??)

Après je ne sais pas si mes remarques sonnent pertinentes ou complètement banales, mais je trouve que cette thématique du cannibalisme renvoie à la sexualité féminine. Une jeune fille arrivant à l’âge adulte, vivant dans une famille apparemment prude, végétarienne de surcroît (qui n’a d’ailleurs aucun argument quant à son végétalisme mais osef) qui découvre les études supérieures, le bizutage, les garçons, tout ça sans avoir une pleine connaissance de la vie (dans sa généralité). Il y a l’air d’y avoir une sorte de rivalité entre Justine et sa grande sœur, ce qui expliquerait pourquoi sa sœur est sa première « expérience » cannibale. Et d’ailleurs, ce rite initiatique après la découverte est montré par la sœur et non les parents. Les deux sœurs sont dans le même univers (école de véto) et découvrent donc des passions communes. C’est donc la grande sœur qui ouvre la voie sur la chair (le sexe) à sa petite sœur (c’est peut-être pour ça que tout commence avec l’épilation du « maillot » de Justine). Par contre je ne saurais expliquer pourquoi elle avale des boules de cheveux. Y a sûrement quelque chose qui m’échappe ou alors est-ce que c’est encore à propos des poils pour préparer à la scène de l’épilation ? Ou est-ce parce qu’elle a un problème avec la pilosité en général ? J’ai pensé un court instant à cette image qu’elle aurait d’elle-même et qu’elle essaye d’effacer (mais rien ne fait sens donc ce n’est pas ça). Et du coup, ce puritanisme parental est finalement contré à la fin du film quand le père montre à Justine que sa mère aussi est cannibale, en lui ayant auparavant dit qu’ « ils » (lui et sa femme) avaient raté l’éducation de sa sœur. Donc ils n’ont pas réussi à lui parler de la sexualité et du corps humain. Ce qui fait qu’elle a dû découvrir ça toute seule et sûrement de la mauvaise manière. Puis le père montre son corps plein de blessure. Parce qu’en fait, les filles deviennent comme leur mère. Elles en veulent. Les femmes aussi ont besoin de faire l’amour, de dominer. Dans l’histoire, c’est la femme qui domine, qui chasse, qui dévore. La femme est clairement un prédateur.

C’est sûrement un film féministe dans le fond. Un film qui veut reconsidérer l’image de la femme dans la société parce qu’on la renvoie à quelque chose de trop sage et puritain (le végétarisme, donc vouloir épargner la vie des animaux, de la niaiserie sans fin) alors qu’en réalité, la femme a elle aussi une part sombre.

Les femmes aussi veulent baiser. Ben y a qu’à demander !