Sileeeennnce !

Gravity propose un scénario minimaliste et non sans clichés ? Peu importe ! Si je ne me considère pas comme cinéphile, faute d’une grande culture cinématographique, au moins suis-je convaincu d’une chose : ceux qui voudraient obliger un film à raconter une histoire n’ont pas compris grand-chose au cinéma. Un film est d’abord une expérience esthétique visuelle et sonore — oui, même les films muets. Voilà ce que pour ma part j’attendais de Gravity, et voilà pourquoi j’ai été bien déçu.

Le film affiche un certain réalisme. Aussi, je frémissais déjà de plaisir et d’angoisse à la perspective de la destruction spatiale annoncée. Arrive le moment attendu, et… catastrophe ! Nom d’un chien ! mais à quoi rime cette musique grotesque et ces effets sonores à deux balles ?
Bon, je suppose que Cuarón a vu 2001, l’Odyssée de l’espace et qu’il n’est pas le dernier à connaître le potentiel angoissant des scènes spatiales tournées de manière réaliste. Je ne saurais donc imaginer sans lui faire insulte qu’il ait voulu cette bande-son minable digne d’un téléfilm d’action fauché. Sans doute un choix imposé par les producteurs, refusant de prendre le risque d’une scène sans musique ni bruitages extradiégétiques — choix qui en dit long sur la piètre estime dans laquelle Hollywood tient les spectateurs.

Même bien écrite, cette musique aurait été insupportable, car déplacée, en totale contradiction avec le souci de réalisme de la scène. Cela dit, elle est, comme dans la plupart des films étasuniens, calamiteuse, lourdingue, à base de recettes éculées. Résultat ? Cette destruction de la navette, au lieu de me prendre aux tripes, n’aura réussi qu’à me débecter. Exaspéré par le gâchis d’une scène qui aurait pu être d’anthologie, j’ai regardé le reste du film la mâchoire serrée et l’œil mauvais… Avec le recul, je dois bien admettre qu’il n’est pas si raté que cela, malgré ses invraisemblances. Difficile en tout cas d’en nier la réussite visuelle. Mais la bande-son, hélas !…