Huis clos dans l'espace qui raconte la survie d'une astronaute qui tente de revenir sur Terre (Sandra Bullock), Gravity est la preuve qu'il est possible de proposer autre chose, tout en restant un film grand spectacle. Le début du film est prodigieux: son assourdissant qui laisse place au silence, direction artistique magistrale, et surtout pas d'explication foireuse on rentre directement dans le film sans se poser de questions.

Pendant 1h30 le nouveau chef d'oeuvre de Cuaron scotche, entre des plans séquences á couper le souffle, une 3D enfin utilisée comme un véritable élément et non plus un ajout de dernière minute, et le sentiment que l'espace ne nous est jamais apparu aussi beau et bluffant: enfin un véritable point de vue en terme de mise en scène, avec de vrais risques pris au niveau de la réalisation. Pour la première fois depuis longtemps j'ai éprouvé des sensations comme la crainte ou l'angoisse en accompagnant le personnage de Ryan Stone, ce qui montre que la démarche est réussie.

On compare beaucoup Gravity á 2001, ce qui est juste en terme d'ambition cinématographique mais faux dans l'approche intellectuelle: si Kubrick méprisait l'homme qui subissait, c'est tout le contraire de Cuaron qui place l´être humain au centre de tout (Bullock en position foetale, les stations qui ressemblent á des ovules...) et qui prend son destin en charge (la montée de la station chinoise n'a rien à voir avec celle de la station russe). C'est probablement, au delà de toutes les qualités du film, ce qui explique le succès inespéré de Gravity.

Quelques imperfections subsistent (le surlignage des dialogues concernant la vie de Bullock sur Terre, la fin qui aurait pu être coupé avant), mais Gravity est une franche réussite, allant à l'encontre de tous les blockbusters débiles et réalisés n'importe comment qu'on se farcit à longueur d'années. Si l´être humain est le sujet de Cuaron, c'est surtout le cinéma qui est célébré car l'expérience ne peut être vécu pleinement sans payer son ticket et en prendre plein les mirettes, et sortir de la salle abasourdi par ce que l'on vient de voir à l'écran.

La meilleure nouvelle qui pouvait arriver au cinéma.
Julien82
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 1 nov. 2013

Critique lue 459 fois

5 j'aime

Julien82

Écrit par

Critique lue 459 fois

5

D'autres avis sur Gravity

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Gravity
Strangelove
8

"Le tournage dans l'espace a-t-il été compliqué ?"

Telle est la question posée par un journaliste mexicain à Alfonso Cuarón lors d'une conférence de presse à propos de son dernier film Gravity. Question légitime tant Cuarón a atteint un niveau de...

le 23 oct. 2013

235 j'aime

44

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

218 j'aime

20

Du même critique

Taxi Driver
Julien82
9

Le Monde Des Ténèbres

La vapeur s'échappe d'une bouche d'égout. Un taxi surgit. Musique de Bernard Herrmann, à la fois angoissante et envoutante, retentit. Nous voilà plongés dans l'enfer.... Taxi Driver c'est l'histoire...

le 5 nov. 2010

59 j'aime

3

Uncharted 4: A Thief's End
Julien82
10

Le Crépuscule Des Dieux

Une certaine mélancolie survient à la fin du quatrième volet des aventures de Nathan Drake : certes c'était la der des der (même si dans le jeu vidéo on sait déjà qu'un discours prononcé un jour...

le 16 mai 2016

51 j'aime

10

The Tree of Life
Julien82
8

Voir Tree of Life et mourir...

Regarder Tree of Life s'apparente à un acte de foi, qui induit qu'il peut exister un miracle en 2011, dans une époque balayée par la vulgarité des images, par l'obscénité véhiculée par le monde...

le 17 mai 2011

47 j'aime

16