Partant d’un pitch simple, Sandra Bullock et George Clooney qui dérivent dans l’espace, Alfonso Cuaron nous livre un film qui est une véritable expérience. 1h30, des effets spéciaux qui sonnent juste, une 3D utile, une réalisation qui coupe littéralement le souffle, avec les plans séquences qui ont fait la marque du réalisateur.

Le film est véritablement unique en son genre, affiche une véritable ambition, et parvient à faire un huis clos dans l’espace. Il prend aux tripes, littéralement. Il m’est arrivé de retenir ma respiration dans le film, de me sentir mal à l’aise physiquement (et pas à cause des lunettes 3D).



« La gravité passe si souvent, pour de la compétence. »

Eddy du Perron



Mais… C’est Alfonso Cuaron, le réalisateur des Fils de l’homme, donc on se retrouve avec, peu ou prou, des travers similaires. Après une première demi-heure archi maîtrisée, le film arrive au miracle de ne pas réussir à se renouveler dans ses rebondissements.

Le film surligne AU JAUNE FLUO ses métaphores et ses thèmes. Oui, on avait compris, la fascination pour le vide, faire son deuil, la renaissance, aller de l’avant, muer. L’impression de sombrer pour finalement –littéralement- reprendre pied. Il faut dire qu’avec des scènes aussi démonstratives, il serait difficile de ne pas saisir. Et c’est bien ça le problème : le sentiment d’être pris pour quelqu’un qui serait incapable de faire lui-même une analyse. On peut interpréter, comprendre le sous-texte. Le réalisateur n’a pas besoin de donner toutes les clés.

Les personnages sonnent creux. Le background est affreusement cliché, ce qui le rend d’autant moins crédible.

Le film est très bon, a le mérite d’être unique en son genre, mais paraît tellement prétentieux que je n’arrive pas à lui pardonner le moindre écart. Oui, contrairement à bien d’autres films, il est à la fois ambitieux et arrive à atteindre la plupart de ses prétentions. Derrière, on sent que Cuaron a réalisé Gravity comme un film qui se veut être comme un 2001 moderne, cependant, il en est à des (150 environ) kilomètres. Il oublie d’être subtil, et à force de vouloir mettre en avant ses idées, le spectateur a juste l’impression d’être pris pour un demeuré. Ce film est énervant car ces travers étaient évitables : il échappe à tellement d’écueils faciles que c’en est surprenant de le voir tomber dans de tels pièges.
Boris_Biron
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le 23 oct. 2013

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Boris_Biron

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