Comme beaucoup le flot déversé par les médias m'a grippé, on sait qu'à force de dire du bien, et même trop de bien, on érafle au passage l'appréciation de certains. Alors on s'efforce tant bien que mal de couper le son, de fermer les yeux à tous ce flot dévastateur.
Depuis Avatar je ne me fais plus avoir, et je fais donc attention à éviter tout ce foutu merdier médiatique qui s’agglutine juste parce que James Cameron trouve que Gravity est un chef d’œuvre (pour sur que comparé à Avatar, on est loin des schtroumpfs géants).
Je trouve bizarre qu'on est pas autant fait de battage sur Children of Men, aussi de Alfonso Cuaron, lui aussi méritant largement ses lettres de noblesse.
Bref je slalom donc et reste sur la seule impression que je vais voir un film de Cuaron (entre autre réalisateur du troisième volet d'Harry Potter, car oui c'est important aussi) avec Clooney et qui se passe dans l'espace.
Je me laisse convaincre par mon acolyte d'une séance en IMAX 3D alors que je déteste ce format. Trop bruyant, trop vibrant, les films ne deviennent qu'une attraction à mon grand désarroi quand moi je m'écrase littéralement dans mon siège, angoissée par le procédé.
Première surprise de ne pas couvrir mes oreilles, oui le son restera fort mais tellement bien utilisé que je n'ai pas sursauté de terreur à l'idée d'adapter mon tympan.
Avec un film dans l'espace il faut savoir ménager la chèvre et le chou, comme l'on doit ménager la bande son quand l'espace ne reflète aucun son. Dès les premières minutes une petite voix de radio sur le côté, un Ici Houston en voix basse vient se heurter à la beauté des images. Gravity est jusque là le seul film qui rend le procédé de l'IMAX innovant.
Je préfère nettement rester les pieds sur Terre et l'image tend réellement à vous envoyer dans l'espace avec une précision si incroyable qu'on a du mal à croire à un décor sur fond vert. N’empêche qu'à l'heure actuelle, Gravity est le seul film qui ressemble au plus près à un voyage dans l'espace, que vous n'effectuerez jamais car nous ne sommes pas astronaute (ou spationaute pour les français).
Cuaron ne perd pas son atout charme du plan séquence, extrêmement bien maîtrisé dans l'espace, à un tel point que j'avais moi même l'impression de flotter. Avec cette aisance vous passez facilement de spectateur à acteur du film, ce qui est très appréciable et rare au cinéma. Si on garde tous en tête ce plan magnifique de Children of Men en plein chaos, on est ici en plein cauchemar et à la fois en plein rêve. Pas si éloigné du plan d'un Théo sortant avec un bébé dans les bras sous les balles, liant une fois de plus le sublime et l'horreur, la vie et la mort. On a forcément tous eu ce petit pincement en voyant Sandra Bullock adopter la position du fœtus en apesanteur, reprenant ainsi le thème de la renaissance.
Si du point de vue de la mise en scène il n' y a rien a redire, il n'en est pas de même pour le scénario. Reconnaissons qu'au moins il est du réalisateur (ce qui est d'une denrée rare à Hollywood), mais que certaines scènes m'ont fait redouter le pire, le wouf wouf m'a paru long et inutile. Mais je lui pardonne cette faille, aussi elle n'est pas la seule condamnable car ce schéma classique d' Hollywood avec un personnage solitaire en deuil, qui doit faire un travail sur soit pour survivre, est teinté d'un agacement irritant. Toujours est-il qu'il est fort peu probable que des astronautes sans espoir aient ce genre de divagation, j'ose espérer pour eux qu'il reste un temps soi peu maître de la situation avec un self contrôle exemplaire. Tout comme d'autres scènes de divagation, mais on ne va pas bouder son plaisir pour des petites variantes qu'on aurait voulu plus subtiles.
Quoi qu'il en soit l'expérience est incroyable, pour ce qui est de l' IMAX 3D en tout cas, j'avais vraiment l'impression d'être en apesanteur, où même de manquer d'air par moment tant la force du réalisateur était de nous mettre en phase avec son héroïne.
Je laisse les complaintes sur le choix de Bullock à ceux qui n'ont pas su entrer dans le film, car si vous y parvenez, vous vous ficherez totalement de ses cuisses ou de la non argumentation de certaines critiques à l'égard d'une grenouille.
N'allons pas jusqu'à croire que nous ne verrons plus un film aussi bien réalisé après cette expérience, car je vous assure qu'il existera d'autres expériences enrichissantes, sans 3D même ; mais force est de constater que c'est une bien belle expérimentation.
LuluCiné
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le 24 oct. 2013

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