C'est pas grave ... (avec un peu de spoiler dedans).

J'avais envie d'aimer ce film, de l'aimer vraiment, comme j'ai pu aimer Pulp Fiction, ou Mononoke Hime.

Dès le premier trailer, il y a quelques mois de cela, c'était un choc ... Une astronaute, paumée dans l'espace, une sorte de huis clos dans un scaphandre spatial, un buried à la sauce 2001 ... Solitude, apesanteur, opression, suspense ... Autant dire que j'allais être déçu (sur ce point en tout cas).

Accrochez (haha) vos ceintures, Gravity est beau. Certainement l'un des plus beau film de ces dernières années. Que ce soit dans les vues de la terre ou celle des engins spatiaux, on ne peut qu'être subjugué. C'est magnifique.
Je ne suis pas agrégé d'histoire spatiale et des stations orbitales mais de ce que j'en connais, ça a l'air bien documenté et c'est un plaisir de découvrir tous les petits détails des scaphandre, des tableaux de bord, des procédures ...
Je ne suis pas spécialiste en réalisation non plus mais les 20 premières minutes tout en plan séquence sont un morceau de bravoure assez unique ... Les effets spéciaux sont incroyables. Rien à dire, c'est propre, net et sans bavures.
J'ai beaucoup aimé les acteurs également. Le personnage de George Clooney est bien pensé et rassure autant la salle que Sandra Bullock. Cette dernière campe une noob tout à fait crédible et la voir se balader en shorty et petit haut serré pendant 45 bonnes minutes est un pur bonheur masculin.

L'enrobage est parfaitement réussi.

L'histoire et le scénario m'ont beaucoup moins convaincu.

Gravity est l'exemple-type du "syndrome Armageddon". Je m'explique. Comme dans le film de Michaël Bay, quoi que fasse le héros (enfin, ici, l'héroïne) tout, je dis bien tout, va partir en cacachuète. Souvenez vous d'Armaggedon ... Une navette s'écrase, un trépan se casse, il y a un traître dans l'équipage, un mec dérape complètement et encore et encore ad nauseam ... rien ne se passe comme prévu ...

Là, c'est exactement la même chose.

Et ça commence très fort puisque le bidule que va installer Sandra (à qui il est forcément arrivé un évènement traumatisant AVANT l'histoire racontée par Gravity) ne marche pas. Elle aurait mieux fait de rester couchée, tiens. Pluie de débris (pas de bol quand même!), plus de carburant chez George, les débris qui repassent exactement au mauvais endroit (pourtant l'univers est vaste!), un parachute qui a merdé sur MIR, un feu qui se déclare juste après l'entrée de Sandra B. ... Jusqu'au bout, il lui arrivera des merdes. La preuve, elle manque se noyer en atterrissant ... Enfin, en amerrissant ... C'est à se demander si après le générique, elle va pas rencontrer une tribu de chasseurs de tête ou de cannibale, se faire courser par une bestiole pas sympa ou tomber sur un Emile Louis local.

Un conseil, ne l'invitez jamais chez vous, vous allez vous retrouver avec un 747 écrasé dans le salon, une cuisine en feu, un dégât des eaux et en prime, vous perdrez vos clés!

En prime, on se demande quel est le principe de recrutement dans l'armée russe! Ou alors ils ont abusé de la Vodka à Baïkonour. Enfin, vous verrez par vous même ...

Bon, c'est un film catastrophe, il faut des catastrophes. Mais là, ça en devient ridicule.
Exemple très bête ... La tension est déjà bien installée, nos deux héros sont en route vers MIR. Devant eux le vide sidéral mortel. La moindre erreur est fatale et les mènera à une mort atroce, on s'accroche à son siège, vont-il y arriver?!? Georges va-t-il rejoindre la capsule (haha)?!?
Et je pose la question, y'a t-il vraiment besoin de s'apesantir sur les 1% d'oxygène qu'il reste dans la combinaison de Sandra? N'est-on déjà pas au sommet du suspens?!? Tout cela rappelle ces fichus compte à rebours qui s'arrêtent inexplicablement et systématiquement à une ou deux secondes du zéro final.

Il faut prendre Gravity pour ce qu'il est, une montagne russe d'1h30 bien fichue mais qui donne dans l'exagération la plus totale.
Si vous vous attendiez à un huis clos claustrophobe au suspens insoutenable, vous ne l'aurez pas. Vous aurez plutôt droit à un Armageddon 2.0.
Les rares moment de paix ou de réflexion (j'ai du en compter ... euh ... 3?) tombent du coup complètement à plat. Spéciale dédicace au clin d'oeil foetal qui n'est plus une ficelle mais carrément un énorme cordage, voir un câble internet sous marin.

Qu'on ne se méprenne pas, Gravity est un bon film d'action. On passe 1h30 agréable, sans voir le temps passer. Je regrette juste qu'il ne soit que ça. Le point de départ était tellement plus prometteur.

S'pas grave ...

PS: La 3D ... vaste sujet ... Je ne suis toujours pas convaincu. Pourtant le film est fait pour semble-t-il (moult saloperies en apesanteur, de la pièce d'échec à la dévisseuse de l'espace en passant par la larme et une figurine de martien de Tex Avery, quel merdier dans ces stations spatiales, ça doit être pour ça que rien ne fonctionne) ... Seulement, les couleurs m'ont parues plus fadasses et l'image plus floue. A revoir en 2D.
Sans compter que payer 13.90€ juste pour ça relativise tout de même la performance technologique et fait redescendre sur terre (dernier haha).