Mexicain d’origine, Alfonso Cuarón côtoie l’industrie hollywoodienne en se retrouvant aux manettes le troisième volet de la saga Harry Potter. C’est deux ans après que le réalisateur refait parler de lui avec son excellent Les Fils de l’homme, œuvre où l’apocalypse est la conséquence de la stérilisation de la population mondiale. Un magnifique drame humain, qui en plus de proposer une histoire plutôt originale et bien mené, offrait une mise en scène audacieuse et soignée. Pour autant, l’œuvre se solda par un échec commercial. Il ne renflouera pas ses 76 millions de budget et le metteur en scène ne donne plus signe de vie. Loin d’avoir coupé les ponts avec le monde cinématographique, l’homme planche sur son prochain projet : la dérive d’un astronaute dans l’espace.
Un concept plutôt classique mais qui mettra plus de quatre ans à être produit. La faute à une préproduction longue au vue des ambitions technologiques. En effet, impossible de tourner dans des décors naturelles, l’ensemble sera donc réalisé dans un studio. De ce fait, comment rendre son histoire la plus réaliste possible en étant si loin de l’univers que l’on décrit ? Pour remédier à ce problème, le réalisateur met en contact les acteurs avec des astronautes en mission afin de mieux s’imprégner de leur personnage. Concernant la retranscription de la gravité zéro, l’équipe opte pour l’utilisation d’un harnais relié à une douzaine de câbles. Ce système permet le pivotement des acteurs, suspendu à plusieurs mettre du sol, et rend de ce fait crédible le flottement des protagonistes.
Pour autant, être capable de relever des défis techniques n’est pas gage de qualité si le film se retrouve avec un scénario incohérent ou doté d’une réalisation trop conventionnelle. Forte heureusement, Gravity ne souffre aucunement de ces défauts pré-cités.
L’intrigue ne perd jamais de vue son but : la survie du tandem, sans pour autant oublier de prendre le temps d’approfondir la personnalité de nos protagonistes. Ainsi après une exposition de la situation de départ, on rentre rapidement dans le vif du sujet. Dans une intention de dynamiser l’action mais aussi pour la santé mentale des astronautes, les dialogues sont nombreux et sur des sujets variés. Un bon moyen pour nous spectateur de mieux cerner les personnages et leur motivation.
En termes de rythme, malgré une vitesse de déplacement relativement lent, l’œuvre offre un enchainement dynamique des événements tout en s’accordant des moments de répits permettant d’admirer de magnifiques paysages. La succession des péripéties évite de longues contemplations de la dérive des astronautes. Un choix étonnant mais judicieux, malgré un sujet laissant place aux questionnements métaphysiques, l’auteur préfère rester terre à terre et livrer une histoire ne déviant jamais de son objectif. Le réalisateur n’a pas la prétention de livrer sa version du fameux film de Kubrick mais plutôt mettre en boite un survival spatial.
On suit l’aventure dans une tension quasi constante. Entre les débris des satellites revenant de façon périodique et les différentes pépins survenant durant leur avancé, nos deux astronautes ne cessent d’enchainer les malchances. On pourra reprocher une trop grande succession de catastrophes mais
cela serait oublier que tout œuvre se voulant réaliste reste une fiction, il est donc normal de forcer le destin afin de rendre son intrigue plus dynamique.
D’un point de vue technique, Alfonso Cuarón réalise une grosse performance. L’homme sait comment découper son film pour le rendre le plus fluide possible sans que cela passe pour un exercice de style. Les longs plans séquences accentuent la dérive des éléments et des protagonistes, on s’immerge ainsi plus facilement dans cette environnement particulier. Les longs plans séquences sont savamment utilisés et permet de montrer la vitesse qu’on chaque action ce qui ne serait pas visible si le réalisateur avait enchainé les plans plus traditionnels.
La 3D est tout simplement impressionnante. Loin de l’utiliser pour simplement amuser le spectateur en se focalisant sur le premier plan, le metteur en scène utilise cette technologie pour mettre ne évidence l’ensemble des éléments qui interagissent avec nos protagonistes. Là où un film en 2D devrait alterner des focus entre premier et arrière plan pour capter ces interactions, on se retrouve ici avec une vision complète de chaque séquence sans que cela semble forcé.
Seul ombre au tableau, l’emploi de musiques tout au long du métrage. On perd de ce fait en immersion, surtout que le film débute en précisant que dans l’espace aucun son n’est perçu. On peut supposer que ce choix artistique est pour rendre l’œuvre plus abordable et attirer plus de spectateurs. Une version plus réaliste lors de la sortie DVD serait la bienvenue !
Vous l’aurez compris l’attrait du film réside dans le concept de départ et de sa mise en œuvre. Pour autant l’intrigue ne se résume pas à un simple prétexte pour démontrer les talents d’un réalisateur inspiré. Certes la trame est classique mais l’auteur réussit malgré cela à nous tenir en haleine de bout en bout.
Au vue de ces qualités artistiques, soyez sûr que l’on entendra parler pendant un moment de ce Gravity.
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