Alfonso Cuarón étant en charge de la réalisation, de la production, de l'écriture et du montage du film porte la responsabilité d'un des meilleurs films de l'année et même depuis plusieurs années. Dès les premières secondes, la plastique du film nous coupe le souffle, nous sommes émerveillés devant une telle beauté. Le silence de l'espace nous permet de nous immerger complètement dans cette mission spatiale. Les plans séquences qui se dispersent dans le film nous illuminent par la sensation d'authenticité dont fait preuve les acteurs mais aussi le décor, déjà fan de Lubezki (photographie) pour son travail avec Malick, je suis époustouflé. Cuarón se place comme un Kubrick de notre époque, il va à l'encontre des principes qui se sont installés dans le cinéma utilisant les effets spéciaux, Les retouches faites par la plupart des films de nos jours, Cuarón rejette tout cela pour créer une technologie, la Light-box, qui nous fait voyager, nous immerge et nous fait nous identifier au Dr. Stone. Le réalisateur des Fils de L'homme, Biutiful ou encore A Little Princess, garde ce vœu de permettre au spectateur de s'idetnfier au personnage, non seulement pour le soutenir, mais pour le pousser, pour le voir grandir. Dans Gravity, cet idée est encore plus présente, précise et maîtrisée en raison, je pense, du côté immersif du film. La technologie "Light-box" souligne ce caractère immersif et d'authenticité de l'espace. (Pour plus d'information allez voir les anecdotes sur le film pour mieux me comprendre.) Une attente de près 4 ans aura permis une des révolution plastique, même graphique du cinéma moderne. Les deux acteurs, Sandra Bullock et George Clooney nous montrent à nouveau leur réel don pour jouer, ils explosent de charisme, d'humanité et de réalité devant la caméra de Cuarón. Je mettrais vraiment l'accent sur la performance de Sandra Bullock qui interprète un de ses meilleurs rôles, cette femme qui poursuit un voyage initiatique perdue dans l'espace pour rejoindre la Terre (le berceau de l'humanité) donc pour renaître, qui se forme en bataille dans ses retranchements de façon allégorique sur plusieurs aspects et évidente sous d'autres. Cette renaissance s'expose dans certains plans d'une poésie et d'un graphique que je n'avais jamais vu auparavant aussi bien utilisés. La liaison intime entre les personnages et leur désir de regagner la Terre se forme tout au long du film, Clooney en toute humilité et dignité nous le fait comprendre jusqu'au final époustouflant. D'une certaine façon, Cuarón réussi de façon magistral ce que Terence Malick essaya en vain, les origines de la vie et de l'humanité qui est en nous. J'allais failli oublier Steven Price, et son travail génial sur une bande-son émotionnelle, épique, qui comme l'image nous coupe le souffle. Restant discrète pour laisser place au silence spatial, elle est efficace et se synchronise avec le sentiment du spectateur ce qui est une chose rare en ce qui me concerne. Ainsi, quand le silence parsemé parfaitement durant tout le récit laisse place à la beauté des étoiles, le spectateur ne peut-être que bouche-bée et frissonnant. L'alternance dans l'image entre le subjectif et l'émerveillement de la situation fait écho à l'alternance sonore entre l'émotion et l'épique. Le récit, par ailleurs, est parfaitement écrit et le film commence comme il termine, avec un sentiment de scène monumental. La boucle est bouclée, somptueusement. Grâce à Gravity, j'ai l'espoir qu'Alfonso Cuarón sera beaucoup plus connu par le grand public et qu'il sera considéré comme il le mérite, un maître d'une révolution graphique. Le sujet passionnant de l'espace, vide dont le spectateur partage en secret avec les personnages, permettra peut-être cette reconnaissance. Symboliquement, en se plongeant dans l'espace on plonge au fond de soi-même, une introspection somptueuse. Cuarón, prodigieux.

Créée

le 18 mai 2014

Critique lue 276 fois

Victor Galmard

Écrit par

Critique lue 276 fois

D'autres avis sur Gravity

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Gravity
Strangelove
8

"Le tournage dans l'espace a-t-il été compliqué ?"

Telle est la question posée par un journaliste mexicain à Alfonso Cuarón lors d'une conférence de presse à propos de son dernier film Gravity. Question légitime tant Cuarón a atteint un niveau de...

le 23 oct. 2013

235 j'aime

44

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

218 j'aime

20

Du même critique

The Leftovers
Victor_Galmard
10

"We Are Living Reminders" - Fulgurance d'émotions démiurges

Les protagonistes et anti-héros de cette prodigieuse série créée par Damon Lindelof sont les délaissés, ceux qui restent ayant perdus des êtres chers qu'ils aimaient. Ici c'est leurs sentiments de...

le 8 sept. 2014

8 j'aime

4

Mr. Nobody
Victor_Galmard
9

L'Architecte de l'Imaginaire

Mr. Nobody est un oeuvre incontournable et mythique du cinéma contemporain. L'histoire d'un jeune garçon tiraillé entre sa mère et son père est d'une part universelle et d'autre part intemporelle,...

le 6 févr. 2015

5 j'aime

Blue Valentine
Victor_Galmard
8

Blue Valentine

On remarque dès les premières minutes une esthétique remarquable qui va faire la force de la filmographie de Derek Cianfrance. La photographie et les couleurs sont sublimes, spécialement le vert de...

le 19 juin 2015

2 j'aime

1