Gravity n’est pas encore sorti qu’il est déjà culte. Pour cause, après une campagne de critiques toutes plus positives les unes que les autres et une réception grand public au diapason, que ce soit en termes d’affluence ou de box-office, le film d’Alfonso Cuaron nous promet de nous en mettre plein la vue. A la veille de sa sortie, Hypesoul vous livre ses impressions.


Il n’y a pas que les spectateurs qui ont attendu de pied ferme ce Gravity. On se souvient de l’astronaute Buzz Aldrin et de l’astrophysicien Neil deGrasse Tyson qui donnaient déjà leur avis sur le film il y a quelques semaines de cela. A nous, simples spectateurs, de nous faire une idée de l’expérience ressentie par un astronaute à la fameuse « Zero Gravity ». On ne fait pas traîner le suspens : l’effet est aussi immédiat que spectaculaire.



Viser la lune sans quitter l’orbite terrestre



La lumière s’éteint à peine, le film commence, et un doute s’immisce en nous. Des films « révolutionnaires », des claques magistrales, des expériences inoubliables, cela fait plusieurs années que le cinéma nous en promet. Pour combien de cas avérés ? Surtout, pour combien de films globalement positifs mais dont la révolution semble surtout être une affaire de médiatisation ?


C’est donc l’esprit un brin cynique que l’on regarde les premières secondes de Gravity. Puis, intervient le déclic. La scène d’introduction, simple enchaînement du générique puis d’un plan d’une immensité sans limite sur l’orbite terrestre, le halo de notre chère planète bleue, les paroles perdues au milieu du vide d’un George Clooney astronaute tout en (fausse) légèreté nous font pressentir une expérience hors du commun. Les premiers mouvements de caméra s’opèrent et déjà, Cuaron filme dans des angles impossibles, fait flotter l’image avec pour seul repère son personnage principal, Sandra Bullock, ancienne médecin d’hôpital venue s’exiler de la surface de la Terre après un traumatisme qu’on lui laissera conter.



Entre le climax technique et la perfection du spectacle



L’enfer ne perd pas de temps pour se déchaîner et laisser nos deux héros dériver à l’infini. Le cinéaste espagnol réussit à faire du vide absolu un décor à part entière, bien aidé par des prises de vues bluffantes de réalisme et de beauté de la Terre, sans tomber dans le piège de l’émoi esthétique à deux francs, qui aurait forcément plombé le film. Au contraire, le film fait l’état des lieux émouvant de l’humanité en son entier, sans fausses généralités ou raccourcis idéologiques. C’est à la fois le personnage de Sandra Bullock, le spectateur et l’être humain en général qui finit par se demander quelle est sa place en cet univers, ou s’il vaut vraiment la peine de se débattre lorsque la solitude se fait si forte.


Gravity nous fait aussi grâce d’une épopée sans fin à la 2001, l’odyssée de l’espace , puisque la relative courte durée (1h34) du film sert justement à donner au tout un côté dynamique et sans temps mort. Le déroulement narratif se fait pour cela sous la forme de checkpoints, d’objectifs à atteindre pour pouvoir continuer l’aventure. Ce côté progressif de l’histoire se marie avec des plans à la première personne ayant pour résultat d’emprunter pour quelques séquences ce côté immersif qu’on pensait à tort réservé au jeu vidéo. De même, et tant pis pour les réfractaires, la 3D est absolument indispensable pour profiter au maximum du spectacle. Quand au mieux, le relief permettait quelques ajouts ou effets visuels au fond superficiels, il est élevé ici au rang de véritable moyen de production artistique.


Gravity est donc de ces rares films qui proposent plus qu’une histoire, une véritable expérience au spectateur. Succès mérité aux Etats-Unis, film probablement culte à l’avenir s’il ne l’est pas déjà au moment de sa sortie en salle, il est capable de fédérer et de plaire à tout type de public, des cinéphiles avertis aux spectateurs beaucoup plus ponctuels. Dans tous les cas, on en a pour notre argent, et on regarde les étoiles différemment.


Publié sur Hypesoul.com

Hype_Soul
8
Écrit par

Créée

le 17 nov. 2015

Critique lue 189 fois

Hype_Soul

Écrit par

Critique lue 189 fois

D'autres avis sur Gravity

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Gravity
Strangelove
8

"Le tournage dans l'espace a-t-il été compliqué ?"

Telle est la question posée par un journaliste mexicain à Alfonso Cuarón lors d'une conférence de presse à propos de son dernier film Gravity. Question légitime tant Cuarón a atteint un niveau de...

le 23 oct. 2013

235 j'aime

44

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

218 j'aime

20

Du même critique

La Tour 2 contrôle infernale
Hype_Soul
7

La lourdeur de ces vannes

15 ans. Il aura fallu 15 ans pour que le légendaire, le mythique La Tour Montparnasse Infernale connaisse sa suite sur grand écran. 15, soit deux fois l’âge mental cumulé des personnages créés par...

le 15 janv. 2016

27 j'aime

1

Captain America : Civil War
Hype_Soul
2

Il a quatre (vingts) laquais

Après Batman VS Superman, d'autres héros se foutent sur la gueule : ceux de Marvel. En fine bête vulgaire qu'elle est, la maison de Stan Lee dégomme tout au centuple. Résultat ? Rien. L'univers...

le 14 avr. 2016

25 j'aime

16

The Life of Pablo
Hype_Soul
5

Name one genius that ain’t crazy

Voilà maintenant plusieurs mois que Kanye West nous fait tourner en bourrique avec son dernier album. D’abord So Help Me God, puis Waves, ensuite Swish jusqu’à ce que The Life Of Pablo soit la...

le 15 févr. 2016

23 j'aime

1