Grease (ou graisseux comme on nous le traduit honteusement dans nos sous-titres), c’est une histoire d’amour avec les adolescents les moins crédibles de toute l’histoire du cinéma (et pourtant, on en a vu des pas crédibles). Prenez le chef de bande des Scorpions à l’heure actuelle, il serait dénoncé pour pédophilie en 2 sec chrono… si la meuf qu’il datait ressemblait à une ado bien entendu!


De toute manière, les relations entre les personnages sont vraiment bizarres et il y a un manque flagrant de cohérence scénaristique. Donc avant que quelqu'un s'en branle de ce qui se passe dans leurs lifes... Les relations évoluent trop vite sans qu’il n’y ait de réelle raison à ces changements. Les meufs passent des bras d’un mec à un autre aussi facilement que les rats dans ma rue passent d’une poubelle étalée sur le trottoir à une autre. Ça en dit long sur les intentions des auteurs du script (ou de mon quartier, mais ça, c'est une autre discussion). C’est dommage car ça tue toute la narration. Ils auraient pu facilement monter deux trois petites scènes supplémentaires pour justifier ses passages de l’un à l’autre des protagonistes et développer la psychologie des personnages. Au lieu de cela, on a l’impression d’assister à des marionnettes dénuées de toute psychologie batifolant les unes avec les autres suivants les préceptes d’un maitre qui avait la flemme de se justifier.



Do you think these glasses make me look smarter?



En dehors du duo Travolta - Newton-John (qui aura dû attendre Glee pour retrouver une seconde gloire), les autres personnages sont vraiment des planches à repasser qu’on sort du placard pour laver son linge sale en public. Même si un de ses personnages sera le centre de la scène la plus cruelle de toute l’histoire du cinéma, et ça, c’est le pied! Oubliez les tortures que vous avez pu voir sur grand écran, oubliez les frissons démoniaques devant lesquels vous avez frissonné ou encore les dénouements psychologiques des films asiatiques qui vous ont non seulement fait perdre toute foi qu’il vous restait en l’humanité mais également dévoiler la face perfide de l’humanité et jusqu’où l’homme peut aller !


Parce qu’ici, l’ange gardien d’un des personnages (Frenchy) vient en dansant et en chantant pour traiter cette pauvre fille de connasse en pleine face et lui dire que même un diplôme en esthétique est une tâche beaucoup trop ardue pour elle. Le pire vient quand il lui balance qu’elle aurait mieux fait d’économiser sa thune au lieu de se faire refaire le nez pour ne ressembler quand même à rien. Et la pauvre petite (qui est la plus gentille de tous les personnages introduits, ce qui renforce la violence de l'acte) qui ne mérite pas ce cruel châtiment reste là à sourire presque heureuse de se faire traiter de déchet par son ange gardien… Putain, c’était hardcore ! Le pire, c’est que la salle (séance rétro spéciale) avait l’air de trouver ça tout à fait normal.



It doesn't matter if you win or lose, it's what you do with your dancing shoes.



Ensuite on a des danses frénétiques avec des personnages rentrant en transe littéralement et dont on ne comprend pas forcément toujours la chorégraphie développée. Contrairement à Saturday Night Fever qui centrait les danses sur un couple de personnages et qui pouvait donc faire le show, ici les grosses scènes de danse sont un peu le foutoir (cfr. le bal de l’école retransmis en direct live) même si d’autres sont mieux réussies comme la scène dans l’atelier mécanique que je trouve personnellement foutrement bien foutue. Après en parlant de bagnoles, on a le droit à une fausse scène de course automobile, forme d’hommage (ou de foutage de gueule, je suis encore indécis sur la question) à Ben-Hur (cfr. les piques sur les roues qui déchirent la carrosserie) ne servant strictement à rien, sortant un peu de nulle part et n’ajoutant aucun enjeu…


Le personnage adverse donne un enjeu au début de la course en disant que s’ils perdent, le droit de propriété des Pink Roses, ces dernières lui appartiendront. Les Pink Roses étant le groupe de meufs qui accompagne le groupe de Travolta. Mais ça n’a aucun sens, car s’ils gagnent, eux, n’obtiennent rien. Donc pourquoi aller parier cela à la dernière minute, il n’y a aucune raison d’accepter. En plus, on parle d’être humain… WTF ?! Et cette course qui était teasée comme un truc de bonhommes de haut niveau, c’est un duel entre deux collégiens auquel personne assisteet qui consiste à parcourir un aller-retour en ligne droite ?! Bien un truc de ricains, ça !


La moralité du film est assez spéciale. En gros, soyez un connard, on s’en fout. Traiter les gens comme de la merde, ça n’a de toute manière aucune conséquence. Le sexe, c’est mieux avec une protection mais bon… tant pis si on n'en a pas à disposition. La grossesse est un sujet dont on traite avec peu d’intérêt sauf pour déniger les pauvres filles en cloque sans mari bien entendu. Mais la conclusion qui est en soi « pourquoi être toi-même quand tu peux être ce qu’on attend de toi ? » est vraiment dérangeante. Surtout quand on attend que tu sois the bad bitch du coin… Et certains dialogues sont absolument ridicules à l’heure actuelle.



The only man a girl can depend on is her daddy.



Comme la scène où Travolta refile sa bague à petite Olivia et que celle-ci sort d’un air complètement con que maintenant elle sait qu’il la respecte… Mon Dieu… J’ai hurlé de rire.


Mais là où le film frappe fort, c’est par sa bande-son. Non seulement, une foule de danseurs/chanteurs assurent de bonnes prestations (pas toujours comprises, ni lisibles mais les mecs se donnent) mais de véritables hits musicaux découlent de l’œuvre. Cette présence musicale partage un sentiment de joie aboutissant d’un feel good movie dont on ne peut pas ressortir indifférent ! Et le fait de véritable voir que ce film a dû être trippant à tourner pour les acteurs qui s’en donnent plus qu’à cœur joie renforce cet effet.


Bref, un film culte pour une génération qui sera pour nous totalement risible tellement il accumule les clichés plus navrants les uns que les autres. Néanmoins il fera passer un chouette moment complètement délirant qui nous fera tripper musicalement. À voir au moins une fois (ne fut-ce que pour la démarche chaloupée de Travolta) pour être témoin d’une autre époque (Dieu merci révolue). Je comprends qu’on aime ce film, j’ai du mal à comprendre qu’on puisse l’aimer comme véritable film, mais comme parodie, c’est délectable!

MathiasBaum
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 13 août 2018

Critique lue 292 fois

2 j'aime

Critique lue 292 fois

2

D'autres avis sur Grease

Grease
mistigri
7

Critique de Grease par mistigri

Grease c'est le genre de films qu'on adore détester: débile, kitsch, et une histoire foireuse... et pourtant on peut pas s'empêcher de le regarder (oui vous savez "on est tombé dessus comme ça, par...

le 5 oct. 2010

48 j'aime

5

Grease
Alex-La-Biche
6

Nostalgie d'un beauf

Je me souviens de cette année 1958. De notre dernière année de lycée à moi et mes potes. Juste avant qu'on parte faire la guerre des gangs dans le Bronx. C'était une putain de promo, une promo de...

le 30 juil. 2014

40 j'aime

13

Du même critique

Lion
MathiasBaum
8

La genèse d'un monde #GoogleEarth

Lion est le premier film de Garth Davis, et le moins que l'on puisse dire, c'est que pour un premier long métrage, il s'agit d'une réussite! Un enfant de 5 ans vivant dans une pauvreté extrême, mais...

le 31 janv. 2017

42 j'aime

4

The Jane Doe Identity
MathiasBaum
7

Les yeux gris...

the Autopsy of Jane Doe est un petit film d'horreur très sympathique. Sans prétention et sans effet forcé, il arrive à faire monter une tension par l'utilisation de petites choses simples (un bruit...

le 15 avr. 2017

39 j'aime

2

Le Dernier Jour de ma vie
MathiasBaum
7

Before I rise...

Je n'avais absolument pas entendu parler de ce film, ni ne savait réellement de quoi il s'agissait avant de voir dans l'horaire du ciné que ça se combinait bien avec la sortie du boulot et que le...

le 12 avr. 2017

35 j'aime

4