Voilà. Green Book a reçu l'Oscar du meilleur film 2019. Jusqu'au bout j'ai cru que la cérémonie allait nous surprendre comme l'année dernière, mais elle est tombée dans sa routine habituelle. En plus d'avoir une sélection à faire tomber par terre (Black Panther ? Sérieux ?). Et évidemment tous les critiques de la Terre ont été soulagé que ce ne soit pas Black Panther ou Bohemian Thapsody dont je ne comprends toujours pas la hate (on en parle de la réécriture historique de la quasi-3/4 des biopics ? Mais non comme c'est Queen sortez les fourches !!!), et moi je me demandais : OU EST READY PLAYER ONE ??? OU EST UNDER THE SILVER LAKE ??? Et finalement c'est encore un film avec Mahershala Ali, qui collectionne les projets qui sont récompensés (Spider-Man Into The Spider-Verse compris vu qu'il prête sa voix au personnage de l'oncle Aaron) à savoir Green Book : Sur les Routes du Sud qui raconte la première rencontre et l'amitié qui unit le célèbre pianiste noir Don Shirley et de Tony Vallelonga, un videur de Brooklyn raciste qui lui a servi de chauffeur et garde du corps, dans l’Amérique ségrégationniste. Oui salade, tomate, oignon du film à Oscar on va dire. Et le film est à l'image de la recette. Un très bon film assez classique dans sa forme et son fond de prime abord, mais qu'en creusant un peu possède une symbolique bien forte.



Peter Farrelly en solo



Un film sérieux réalisé par l'un des 2 frères Peter Farrelly (oui, le tandem derrière les comédies cultes Mary A Tout Prix, Dumb & Dumber et l'Amour Extra-Large). Le film est vraiment bien réalisé avec une esthétique classique mais efficace. Cependant, au niveau des scènes, le film est bien rythmé et il réalise ce film comme n'importe quel comédie dont il a le secret. Avec une mise en scène qui accentue le ping pong verbal des protagonistes. Et voir un film jouant constamment sur ça donne un aspect très feel good. Les meilleurs scènes sont en grandes parties soit les scènes de concert qui donne un aspect scénique plutôt pas mal, soit les scènes de voitures entre Tony et Don. Ces scènes sont vraiment importantes dans la mesure où graphiquement, on voit la progression des protagonistes dans le sud de plus en plus ségrégationnistes et hostiles, tout en conservant les moments clefs qui sont au nombre de 5 si je m'en souviens bien (n'hésitez pas à me corriger dans le commentaires). Et chaque étape est important non seulement dans la relation entre les personnages, mais aussi dans la situation hypocrite de l'Amérique de cette période. Mais le film vaut bien plus pour ses personnages.



Viggo et Mahershala



On va parler de nos acteurs principaux : Viggo Mortensen et Mahershala Ali. Déjà, l'un et l'autre non plus rien à prouver en terme d'acting. Viggo Mortensen a depuis un long moment gommé l'image indélébile que lui a collé le personnage d'Aragorn des seigneurs des Anneaux et Mahershala Ali est toujours aussi classe dans son rôle de personnage poignant comme dans son rôle dans la série des 4400 (vous savez la série avec une première saison géniale et qui s'est perdue au bout de 4 ? Oui Heroes et Prison Break ne sont pas les seul accidents industriels). L'un et l'autre jouent des personnages assez similaires. Tony Lip est videur à la tchatche facile, raciste et perclus de préjugé qu'on n'aime pas détester. C'est un mec du Bronx qui n'a pas vu plus loin de son quartier mais qui fait de plus en plus preuve de bonne volonté afin d'accepter Don et même de tenter de comprendre ses motivations. Il se rendra compte aussi de l'hypocrisie dont fait preuve les américains des états du sud et voir à quel point ils sont prêts à mépriser tous qui sont différents. Prenant le parti de Don, il va finir par se tempérer (même si c'est dur au vue des scènes, comme la dernière étape).


Don lui est un musicien afro-américain qui a passé sa vie à renier les stéréotypes qu'on lui collait, notamment en tant qu'être humain , mais aussi en tant que personne et artiste. Le trajet est un combat pour espérer faire bouger les choses mais c'était un combat déjà voué à l'échec. Le film nous permet de voir jusqu'où il peut aller et quelle leçon il pouvait en tirer.


Les autres personnages sont bien plus secondaires et fonctionnels. La femme de Tony Dolores (Linda Cardellini de , oui, Scooby-Doo mais c'est aussi la femme d'Hawkeye dans Avengers 2) est l'élément solaire du couple et une femme aimante. Oleg (Dimeter Marinov) et George (Mike Hatton) sont...présents. Ils jouent bien plus le rôle de faire valoir de Don mais aussi de témoins des motivations de ce dernier auprès de Tony.



Voyage au bout du sud



Le film est un road movie en compagnie de Don et Tony, suivant les itinéraires du Green Book. Pour ceux qui ne savaient pas (comme moi avant de voir le film), le Green Book est un guide de l'époque pour afro-américain qui recensait les commerces, les stations-services et autres établissements qui ne discriminaient pas les afro-américains (oui je reprends wikipédia). Et le film montre le décalage entre ce qu'on prévoit et ce qui arrive. Chaque étape est une épreuve



  • 1er étape, tranquille

  • 2e étape, un peu moins car le piano demandé par Don n'est pas livré

  • 3e étape, beaucoup moins dans la mesure où Don voulait boire dans un bar mais il s'est fait refouler.

  • 4e étape encore moins , car après que Don a fait sa représentation, il a été arrêté avec un gay

  • 5e étape bien moins car ils se sont faits arrêter en pleine routes par des policiers et Tony a du jouer les points parce que ces derniers l'insultaient

  • 6e étape encore moins car cette fois, ne pouvant pas dîner avec ses collègues Don a préféré renoncer de jouer pour eux


La route est un chemin de croix pour Don et Tony qui bien qu'ils apprennent à ce connaître se rendent compte que le chemin vers l'égalité est encore loin et que la volonté de Don était dès le départ voué à l'échec.


Mais, il s'agit d'un échec relatif dans la mesure où sa dernière représentation se fait dans un bar modeste où il a pu jouer pour un public afro-américain


Le film ne se contente pas d'être un énième film qui remet en cause les préjugés, mais un film sur l'engagement. Don au final a tout sacrifié pour être lui-même au point qu'il s'est convaincu de n'être à sa place nul et par et seul. Tony lui est demeuré toujours dans sa famille et son milieu modeste au point qu'il a une vision des afro-américain de ce qu'on lui a toujours dit. De plus Don est un pacifiste et cultivé alors que Tony est bien plus sanguin et n'a aucun tact. Un contraste fascinant qui a permis à chacun apporte à l'autre. Sauf que dans les grandes lignes, cela reste du Miss Daisy et Son Chauffeur inversé (qui aussi eu un Oscar il y a des années). C'est pour ça qu'avec le recul, ce n'est pas à ce film que je donnerai l'Oscar, même s'il reste bien raconté et poignant à plusieurs reprises (en plus d'être drôle)



Bon film engagé



Je ne vais pas être original en disant qu'il s'agit d'un bon film. Méritait-il l'Oscar du meilleur film, pour moi pas vraiment (surtout qu'on a Vice et The Favorite à coté). Est-il nécessaire ? Cela dépend. Pour moi, il est certes mieux que les Figures de l'Ombre sorties il y a 2 ans (avec Mahershala Ali en plus), mais cela reste un film très classique sur sa forme mais avec un fond avec un autre sens de lecture. Cependant, au sujet de la fidélité avec les événements, je vous conseille le témoignage du frère de Don pour voir ce qu'il en pense.

Créée

le 26 févr. 2019

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Neo Cosmic

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