7.5: Tony à tout prix
New-York, 1962: Tony Lip est le responsable de la sécurité d’un club branché de la ville. Ses origines italiennes et son efficacité pour écarter les problèmes du poing sont remises en question lorsque le club doit fermer pour des transformations. Sa reconversion va venir de Don Shirley, un illustre pianiste noir qui veut effectuer une tournée dans le sud raciste et l’engage comme chauffeur. Un voyage périlleux s’annonce d’autant plus quand la fougue de Tony et le flegme de Don se confrontent.
Le voici donc ce si attendu plaidoyer anti-ségrégation dont la bande-annonce semblait nous orienter vers un voyage au bout de l’enfer et, donc, une dénonciation certaine de ces aberrations. En dépit d’une remarquable reconstitution, je reste quelque peu sur ma faim.
Effectivement un duo est censé nous accompagner durant le film et donc s’ouvrir à nous. J’espérais pouvoir m’émouvoir avec ce parcours du combattant que Don a visiblement vécu, mais très curieusement, si la dénonciation des monstruosités ségrégationnistes est justement montrée, j’aurais voulu en savoir plus sur notre virtuose du piano: qui il était, quelle fut sa jeunesse, ses douleurs, ses peines. Il me manque ce petit plus qui aurait fait de Green Book un film inoubliable. Hélas, à l’image de l’ultime concert de la tournée et de son rebondissement ultime, le montage de la séquence coupant net alors que le mélomane en moi en voulait plus, cette interruption m’a frustré.
Et c’est d’autant plus dommage que le duo Mortensen-Ali est exceptionnel et les prises de vues de toute beauté. Mais à force de trop vouloir mentionner Tony, l’évocation de cette route raciste « verte » a un léger goût d’inachevé.
Se laisse tout de même voir...