Premier projet solo de Peter Farrelly, "Green book" s'avère très différent (à priori) de tout ce qu'il a fait avec son frère Bobby depuis plus de 20 ans ("Dumb et Dumber", "Mary à tout prix"...). Le roi de la comédie trash (mais toujours humaine et souvent réussie), s'attaque ici à un thème beaucoup plus sérieux et politique. Estampillé "true story", ça montre le sérieux de l'entreprise. Et le pari s'avère une réussite TOTALE.
Car finalement le film installe un duo dont les ressorts ne sont pas si loin de la construction comique classique : prendre 2 personnages que tout oppose, et les faire collaborer malgré eux. De ce principe d'ailleurs, Farrelly (qui est au scénario également) s'amuse à instaurer de vrais moments comiques, qui installe alors une vraie complicité.
Mais ce n'est bien sûr pas là l'enjeu principal du film. Tout comme "Intouchables" (dont le duo peut rappeler la relation des 2 protagonistes), le film met ici en exergue les différences entre les 2 personnages pour parler de tensions sociales bien plus grandes. Car cette Amérique des 60's, surtout au Sud, n'était pas un chemin paisible pour un afro-américain, malgré son statut de génie de la musique. Et cette institutionnalisation du racisme qui est décrite fait froid dans le dos...
Ce road movie devient au fil des kilomètres (ou plutôt des "miles") de plus en plus touchant au fur et à mesure qu'on s'attache aux personnages, malgré la tension sociale qui monte elle aussi. Chacun va apprendre de l'autre, va découvrir un autre pan social, comme un appel à la fraternité dans notre monde moderne qui tend à se déchirer à nouveau. Viggo Mortensen et Mahershala Ali, irréprochables et justes de bout en bout, forment un duo qui marquera longtemps.
Farrelly rend au final une copie parfaite, toujours juste, jamais mélo. On fraternise avec ce duo attachant, et on a du mal à les quitter à la fin. 2019 tient ici surement un de ses gros moment ciné, et définitivement mon favori aux prochains Oscars.