L'ensemble est pas mal. Rien d'exceptionnel, une image assez lisse, comme le propos du film, assez simplement moral sans être pour autant trop dégoulinant.
Bref, c'est bien dosé, sans prise de risque ni parti pris artistique particulier, mais ça fonctionne, à deux ou trois détails près.
La scène des verres jetés à la poubelle au début est assez absurde : sa femme n'est pas spécialement raciste, son entourage non plus (je veux dire par là qu'ils sont un peu racistes peut-être, comme la plupart des gens de l'époque j'imagine, mais qu'ils n'ont pas non plus une haine pour les noirs, plutôt peut-être une peur ou une envie de distance), et lui-même accepte de serrer la main au pianiste la première fois qu'il le voit (on ne le voit pas s'essuyer la main discrètement après par exemple). Donc le coup des verres jetés à la poubelle, ça c'est mal dosé. Il aurait été mieux qu'il les lave à fond par exemple ou qu'il dise à sa femme de le faire ou quelque chose de moins radical que de les jeter.
Ensuite la scène de l'engueulade dans la voiture après la prison est mauvaise. On sent bien que c'est là seulement pour amener un petit rebondissement dans l'histoire, parce que sinon leur entente était trop bonne. D'ailleurs toute la scène dans la prison est mauvaise, on devine tout à l'avance.
Le happy end est assez mauvais aussi. Trop téléphoné d'une part, et trop rapide d'autre part : la famille accepte immédiatement le noir à manger chez eux.
Autre point négatif : le pianiste a deviné pour la pierre volé, la femme a deviné pour les lettres... Je trouve que ça fait un peu trop : héhé, c'est un petit malin, héhé, elle est futée.
Donc pas un grand film, mais agréable à part quelques défauts malheureusement récurrents dans ce genre de production comme la recette scénaristique, le happy end, le pays qui est quand même sauvé moralement (en fait les gens sont plutôt cools et le racisme est assez localisé), les discussions qui sont forcément faites de punchlines, etc.
EDIT : Plus je repense au film et plus je vois de défauts. C'est mauvais signe. Sur le moment, pendant le film, j'ai passé un agréable moment même si régulièrement des petits détails me chiffonnaient. Maintenant, je ne vois plus que ces détails, qui s'accumulent les uns à la suite des autres. Si j'essaye de synthétiser, je crois que le problème est l'amour du twist, de la petite blague et des punchline (les trois ne faisant parfois qu'un, dans une seule et même phrase) : il y a plein de "mini-twist" qui sont non seulement inutiles mais tellement clichés qu'on les devine souvent quelques secondes avant (voire quelques minutes). Par exemple, quand le mari revient de son concours de mangeur de hot-dog (ou hamburger, je ne sais plus) il dit que l'autre a mangé un nombre impressionnant de hot-dog. On devine tout de suite que le mari en a mangé plus et qu'il a gagné. Autre exemple, quand dans un repas très huppé, le maître de maison dit qu'il a fait un plat pour son invité, on devine tout de suite qu'il va s'agir de poulet frit. Etc. D'autres choses dans le genre parsèment le récit, comme l'histoire du flingue : a-t-il un flingue, oui ou non ? Est-il un bluffeur ? Et bien non, il a vraiment un flingue. Mais alors pourquoi ne le sort-il pas tout de suite (dans le bar, quand son pote se fait frapper) ? Il n'y a aucune raison, à part pour faire un mini-twist plus tard. Tous ces détails alourdissent le film en voulant le ponctuer de rires (de sourires) en forme de mini-twist.