Après une petite pause sans ciné, c’est reparti pour de nouvelle aventure dans ce que je qualifierais de « semaine de la série B » avec la critique de Green Room aujourd’hui et celle de Blood Father fin de semaine. J’ai déjà évoqué plusieurs fois la très pauvre distribution des films de genre en Belgique, et Green Room en est une nouvelle preuve. Sorti début de l’année en France et ayant remporté un succès critique et public correct, le film n’a pas droit à une distribution grand écran chez nous. C’est d’autant plus regrettable qu’il est assez différent de ce que propose le cinéma d’horreur actuel et fait plutôt penser à cette vague « british horror » du début des années 2000. Par son côté à la fois sociale, réaliste et assez viscéral il m’a rappelé des films comme Wilderness ou Eden Lake. On pourrait résumer l’intrigue à une confrontation entre un groupe de rock et un gang de néo nazi, mais se serait très réducteurs. Ce qui fait véritablement la saveur du scénario c’est le contexte social de l’ensemble. Que ce soit au travers des galères d’un groupe de métal vivotant entre les concerts de seconde zone ou le fonctionnement bien hiérarchisé de l’organisation du groupe de skinhead, le film se place dans un contexte crédible.
Si il ne va jamais au­delà de ce qu’il prêtant être, à savoir une série B d’horreur bien torché, il a surtout le mérite de ne jamais aller en deca ! Très rapide dans sa mise en place et diablement efficace, le film nous embarque rapidement dans son sillage. S’il reste constamment en terrain balisé, il garde son rythme et son efficacité tout du long. Les ficelles sont parfois grosses, comme toujours dans ce genre de récit, mais le suspense fonctionne. Certains retournements de situation sont même assez bien amenés. Je pense principalement à la mort d’un des personnages que je n’ai personnellement pas vu venir, du moins pas à ce moment ni dans ce contexte. Mais la peur dans le film n’est pas spécialement lié au déboire des héros, elle provient
plus de la crédibilité de la menace. Car aussi monstrueux que cela puisse paraître, ce genre de milice d’extrême droite est une réalité.
Le réalisme des assaillants me permet d’ailleurs d’évoquer le plus gros point faible du film. L’on ne ressent quasi aucun attachement ou aucune empathie pour les héros. Les différents
membres du groupe étant assez peu caractérisés ils se retrouvent assez vite dans un rôle réduit à de la chair à canon. Les néo nazis ont de leur côté droit à un traitement bien plus intéressant. Emmené par un Patrick Steward à contre courant et totalement glaçant, le film nous montre des monstres souvent emplis de doutes et perdus fasse à leurs propres sauvageries. Même si une des forces du film est de ne pas trop s’attarder sur l’introduction, un développement des différents membres du groupe de rock aurait apporté une implication psychologique bien venue. Eden Lake l’avait par exemple parfaitement compris, et c’est grâce à l’empathie que nous ressentions pour le couple que le film n’était pas loin d’être un chef d’œuvre du genre.
Il ne faut pas de cependant que ces petites lacunes repoussent les amateurs du genre. Le cinéma d’horreur est devenu assez balisé et ne propose quasiment plus de films présentant un contexte social et un visuel punchy. Car c’est là aussi une des qualités de Green Room, il reste toujours à la frontière du genre entre l’horreur et le thriller d’action. Les amateurs de gunfight
pourraient donc également y trouver leur compte. Sans révolutionné quoi que se soit je peux vous assuré que vous passerez un bon samedi soir entre pote devant ce très sympathique Green Room.


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le 5 janv. 2017

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