Auteur d'un premier film très remarqué (Blue Ruin), Jeremy Saulnier a passé sa jeunesse à écouter du punk hardcore et à casser des côtes dans les pogos. Green room est ainsi la synthèse de ses premières amours et de son goût immodéré pour le cinéma de genre.


Ce qui frappe d'emblée dans le film, c'est la justesse de la caractérisation des membres du groupe au coeur de l'intrigue. En effet, alors que le cinéma nous montre trop souvent les rockers comme des abrutis aux moeurs déviantes, les Ain't Rights ne sont qu'une bande de pote dévoués corps et âmes à leur art. La peinture de leur quotidien fait de galères et de plans foireux, les rend immédiatement attachants, d'autant que Saulnier prends un malin plaisir à jouer avec les archétypes


(les leaders sont bel et bien des nanas, le sort du badass de service...)


Ainsi, Green Room est un de ces films qui jouent perpétuellement sur les ruptures de ton entre un humour bien senti (le running gag sur le desert island band) et le gore qui tâche (ici on règle ses comptes à l'arme blanche !). Le bodycount est d'ailleurs particulièrement généreux même si là encore, le film prends le parti de nous surprendre (ceux qui y passent ne sont évidemment pas ceux qu'on attend), de même avec quelques twists astucieux qui viennent donner de l'épaisseur aux personnages.
L'ensemble est transcendé par la mise en scène de Saulnier qui est un modèle de gestion de l'espace et qui parvient à rendre inquiétante une salle de de concert miteuse et à distiller une incroyable tension surtout quand les musiciens sont enfermés dans la fameuse Green Room.


On a donc affaire à une excellente série B particulièrement énervée, très solide formellement et servie par de très bon interprètes dont un Patrick Stewart terrifiant à contre-emploi. On regrettera juste un climax final trop mécanique dans son déroulement et quelques choix de narration étranges comme


(le fait d'évacuer le personnage de Werm, auteur de la réplique la plus flippante du film et qui aurait fait une belle Némésis au côté de Stewart).


Saulnier s'impose donc définitivement comme un réalisateur à suivre et on espère qu'il ne se fera pas broyer par la grosse machine hollywoodienne toujours prompte à débaucher les jeunes talents (dans ce registre, l'expérience d'un Josh Trank est un cas d'école). Au regard des dires du bonhomme lors de l'avant première, il ne semble pas pressé d'aller réaliser des blockbusters et c'est tant mieux !

Diego290288
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le 13 mars 2016

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Diego290288

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