La mise en abyme qui consiste à se rendre au cinéma alors que les salles sont proches de l'asphyxie post-confinement a sans doute joué en faveur du film
Même sans être particulièrement sensible aux films catastrophes, cette année il est plus facile de comprendre les sentiments des personnages qui doivent faire face à un événement inattendu et potentiellement dévastateur
La comparaison entre notre “petit confinement” pour limiter la propagation d’un virus et la possible destruction de la planète est disproportionnée, mais qu’on le veuille ou non nous avons découvert il y a quelques mois que nous n’étions pas tous égaux face à l’inconnu: ni dans notre façon d’appréhender les événements ni dans la gestion de nos émotions, ni face aux circonstances qui peuvent nous permettre d’être privilégiés ou au contraire pénalisés
Gérard Butler va expérimenter les deux côtés de la médaille: se retrouver parmi les “élus” grâce à sa profession jugée essentielle, puis relégué du côté des indésirables à cause d’un mauvais dossier médical
Ou comment tester les montagnes russes de l’émotion juste avant de mourir
Un budget sans doute limité a conduit le film à faire l'impasse sur le spectaculaire et le grandiloquent et a permis de ménager des moments propices à l’identification.
Serions-nous prêt à tout pour sauver notre peau alors que le monde est voué à la destruction?
A quoi bon survivre si plus rien n’est comme avant?
Et d’un autre côté, quelle autre alternative une fois qu’on a l’opportunité de se sauver, ne faut-il pas tenter, mourir les armes à la main? N’est-ce pas justement le propre de la vie de vouloir continuer malgré tout?
Pour toutes ces pistes de réflexion et pour une scène de conclusion où de simples appels à travers le monde viennent illuminer la salle et titiller notre fibre émotion, on ne peut pas détester ce film
Pourtant il n’y a pas que des qualités dans ce long métrage où on retrouve les éternelles ritournelles: un père de famille exemplaire, un couple mal en point mais qui va se redécouvrir, un grand-père vieux briscard au grand cœur…. Et une scène de départ de la maison qui vire au concours de pleureuses absolument contre-productif.
Il y a plusieurs maladresses mais on reste en salle, et on est récompensé quand on se rend compte qu’on a mis à profit cette histoire pour s’interroger sur la façon dont on relativise notre place dans l’univers. On ne pensait pas venir là pour remettre en cause notre nombrilisme éhonté.