Grande grisaille historique. On veut un peu de soleil !

Épuisé par cette thématique, je décide tout de même de découvrir ce film pour continuer de me faire la filmographie de Jason Clarke. Je me doutais toutefois de ce genre d’œuvres dont je commence largement à me lasser; ces films-là plongés tout le long dans des temps pluvieux merdiques dans lesquelles sont représentées ces scènes d’assassinat qui se banalisent complètement dans le cinéma.


Ce film ne déroge pas à la règle et rien que l'affiche en témoigne; le film possède un ton sombre et monotone, avec une image qui tire constamment sur le gris représentant visuellement cette période sombre. Bon c'est aussi que l'Allemagne et la Tchécoslovaquie il n'y fait pas très beau toute l'année je vous l'accorde. Mais j'en ai franchement marre de cette grisaille constante que l'on y retrouve systématiquement. A tel point qu'on aurait pu y placer une scène de The Pianist par-ci et une autre petite scène de Fury par-là et on aurait presque rien vu.


En fait ce 5/10 ce n'est pas uniquement pour parler de météo. En réalité c'est surtout que cette teinte banale va de paire avec le ton général du film qui ne se démarque pas du tout des autres œuvres. En d'autres termes HHhH ne porte pas vraiment identité. Et la création d'une identité même pour la mise en scène d'une thématique largement exploitée c'est ce que je cherche, et ce par une capacité à se démarquer, de proposer une distinction particulière sans constamment se plier aux règles académiques du genre en question.


Ce n'est pourtant pas la réflexion que je me suis immédiatement faites au début du visionnage. J'ai même plutôt bien apprécié la première partie de l'histoire qui nous raconte l'Histoire avec un grand "H" mais cette fois-ci sous un autre angle, celle de Reinhard Heydrich. Cela commençait à m’intéresser en me disant que l’œuvre aurait pu être une sorte d'étude expérimentale portant sur la psychologie de l'influence sociale et de la manipulation avec comme cas appliqué le régime Nazis et comme principal sujet Reinhard Heydrich. Et je sentais déjà l'histoire être traitée de cette manière, notamment avec la femme du protagoniste jouée par l'excellente Rosamund Pike, qui participe à son développement personnel, son ascension vers le pouvoir et la capacité à avoir une force mentale hors norme.


Malheureusement ce sujet-là est traité qu'une seule partie du film et ensuite on nous replonge dans la banalité absolue du cinéma de genre; mitraillettes à go-go, suicides, meurtres, leçon de piano du jeune garçon allemand le temps d'une scène trop longue contrebalancée avec une scène de torture psychologique d'un autre gamin... Alors oui bien évidemment considérant le contexte, il faut bien montrer les scènes historiques qui se sont passées qu'on le veuille ou non, sauf qu'au lieu de servir de toile de fond à une histoire potentiellement intéressante, elles en deviennent au fur et à mesure de l’œuvre, le principal moteur... Heydrish s'efface alors peu à peu et laisse place aux rebelles de la Tchécoslovaquie occupée qui interviennent la seconde moitié du film et c'était bof. A ce compte-là j'aurais dû arrêter le film et sauter sur Inglorious Basterds.


Et ce n'est pas pour critiquer les ambitions mêmes de ces personnages historiques, loin de là, mais plutôt pour dénigrer cette réorientation narrative. Certes il fallait en parler de ces personnages mais j'aurais tout de même préféré du moins pour cette histoire d'accorder davantage d'attention sur le personnage de Jason Clarke pour jouer avec les émotions du spectateur en le faisant passer tantôt en "héros" tantôt en "vilain" tout en essayant de nous mettre dans la peau des citoyens allemands lambdas soumis au régime de l'époque. Un peu comme l'a pu faire jadis le professeur Ron Jones avec ses élèves, inspirant ainsi le super film allemand: La Vague.


Maintenant c'est l'histoire, c'est la période qui se veut grise et sombre alors forcément je comprends toute la logique à la traiter tout le temps de la même manière mais j'aimerais un jour un réalisateur qui, avec une œuvre, nous montrera un peu de soleil, sans forcément utiliser la comédie comme a su le faire admirablement La vie est belle ou la libre adaptation comme Inglorious Basterds, mais en proposant une nouvelle œuvre avec une photographie différente, une teinte différente et un angle de vue (histoire, personnages, lieux géographiques) différent.

Jordan_Michael
5
Écrit par

Le 3 novembre 2017

Critique lue 512 fois

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