Ô joie incommensurable de ne pas voir la bande-annonce d'un film, ni même lire une seule ligne se rapportant à ses qualités ou défauts, avant de le voir sur grand ou petit écran !

De ce film, je ne connaissais que : Nanni Moretti (Aïe Caïman, j'avoue j'avais peur), Michel Piccoli, un psy, un Pape... Avec tout ça, je me suis attendue à tomber sur une nouvelle version du Discours d'un Roi où sa Sainteté en proie au doute rencontre un psy en un huis-clos à la fois absurde, fort et surprenant.

Et il n'en est rien ! C'est une tout autre vision qu'a eu Nanni Moretti en laissant ce brave Pape en errance dans Rome pendant que lui, le psy débordé par ses propres démons de la psychanalyse et d'un mariage raté, débauche quelques cardinaux jusqu'à l'apothéose d'un tournoi de volley absolument délectable.

Le film a l'intelligence de pouvoir transmettre à la fois un propos comique pouvant être subtil ou potache (Oh, ce cardinal qui tente de regarder sur la feuille de son voisin afin d'y trouver le nom du prochain Pape !), et un discours beaucoup plus fort, voire dramatique si l'on est quelque peu croyant, de par le personnage du Pape.

Sur ce point, je ne suis pas d'accord avec l'avis de Torpenn que je viens de lire. Ce personnage est loin d'être inintéressant. Michel Piccoli lui offre une dimension humaine extraordinaire de simplicité avec un regard incroyable (bon sang ce regard...). Il n'est nullement question d'une crise de foi quelconque, le sujet de la religion n'étant finalement qu'à peine frôlé dans le film (bizarrement), mais de la crise d'un homme qui accède à des responsabilités qui le dépassent.

Au final, il n'y a pas d'introspection bavarde à la Woody Allen, juste des errements, des doutes puis la prise d'une décision difficile mais nécessaire. C'est ce que j'ai aimé dans cette dernière oeuvre de Moretti, elle surprend, prend à contre-pied les idées reçues que l'on pouvait avoir sur un tel sujet, et parvient, sans trop de difficulté, à faire rire autant qu'émouvoir.
La prétention n'est pas ailleurs. Un grand bravo.

Pour finir, j'ajouterai que mon coup de coeur suprême va directement au Garde Suisse qui a décidément la meilleure place dans ce film.
Before-Sunrise
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le 23 sept. 2011

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