A l'heure où blanchit la campagne, je partirai."


Entendons-nous bien, Hacker est certainement le plus beau film de ce début d'année 2015, et on le voit avec un sentiment d'exhaustivité. L'impression que Mann a tout dit, qu'il a épuisé le sujet, qu'il a ringardisé le genre même du film d'action. Enfin, film d'action ... Pas sûr que cette étiquette colle vraiment bien à Hacker ...


Et pourtant, comme toujours chez Mann, la mise en scène millimétrée, d'une précision virtuose, fait la différence lors de séquences explosives absolument impressionnantes.


L'important, pourtant, n'est même pas vraiment là. La trame narrative de Hacker n'est presque qu'un prétexte et j'ai craint pendant les dix premières minutes que Mann nous ferait de l'auto-citation, de la bonne esbroufe désincarnée à la Tomas Alfredson ... Pas du tout. Si le film prend un certain temps à s'incarner, il suit une logique plus progressive : les personnages se détachent petit à petit de leurs propres carcans cinématographiques pour s'iconiser.


En fait, Hacker est un film d'un lyrisme fou, franchement sublime. Michael Mann concentre son attention sur des petits détails, qui révèlent une atmosphère à la fois stratosphérique et tentaculaire, la sensation profonde de se faire dépasser par le génie du film sans jamais qu'il nous écrase. Et là, il faut voir la façon dont Mann dessine ses personnages dans l'espace, de la distance à l'empoignade franche. Ici, la plus belle façon de filmer une nuque découverte, là les traits graciles d'un visage. Il y a cette manière, chez Michael Mann, non pas de renverser les codes comme n'importe quel petit malin mais de les dynamiter de l'intérieur, de les utiliser dans leur finalité première : l'irréel. Il y a chez Mann cette conscience du média, cette conscience que l'on voit du cinéma. Et pourtant, que c'est beau ... Ces instants de calme atmosphérique entre deux explosions de violence renversantes font baigner Hacker dans une sorte d'au delà cinématographique.


Au delà, c'est le mot. Au delà du réalisme, au delà des standards du genre, le level semble indépassable.

Nwazayte
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste 2015 en images (annotations incluses !)

Créée

le 1 juin 2015

Critique lue 450 fois

9 j'aime

5 commentaires

Nwazayte

Écrit par

Critique lue 450 fois

9
5

D'autres avis sur Hacker

Hacker
Sergent_Pepper
6

Optical Malady

Michael Mann affirme désormais clairement sa singularité, et par conséquent divise la critique de façon assez radicale. Les acquis à sa cause y décèlent la patte d’un auteur hors norme, se jouant du...

le 29 mai 2015

69 j'aime

42

Hacker
Velvetman
9

La numérisation de Ghostman

Se projetant dans un film d’action où tout se joue dans les mouvements, dans une réflexion théorique de la matérialité, dans un état de ramification de synapses cybernétiques inatteignables, Michael...

le 19 mars 2015

59 j'aime

8

Hacker
Toshiro
8

New Frontier Drifter

« La question est de savoir quelle forme accomplit ça, quelle forme de composition, quelle forme de lumière, quelle forme de musique accomplit ce que j’avais en tête ». Voilà comment Michael Mann,...

le 6 avr. 2015

55 j'aime

29

Du même critique

Sur le globe d'argent
Nwazayte
9

L'antre de la folie

Expérience hallucinée, hallucinante et hallucinatoire, Sur le Globe d'Argent est un film monstrueux, une oeuvre titanesque que le tournage chaotique et inachevé éloigne encore un peu plus de...

le 1 mars 2016

37 j'aime

1

Le Miroir
Nwazayte
10

Le Temps retrouvé

On ne dira jamais assez combien la démarche de Andrei Tarkovski quand il réalise le Miroir est proche de celle des écrits de Marcel Proust. Ecrivain français et cinéaste russe ont tous les deux...

le 12 juin 2014

37 j'aime

La Maison des bois
Nwazayte
10

Dans la chaleur du foyer

Il m'est très difficile d'écrire sur la Maison des Bois, même trois semaines après le visionnage. C'est rare mais ça arrive : l'oeuvre vous marque parfois durablement, laisse une trace inaltérable...

le 14 janv. 2015

33 j'aime

2