Hacker
5.8
Hacker

Film de Michael Mann (2015)

Je ne lui tire pas mon chapeau à Michael!

Après Tim Burton est son décevant "Big Eyes", c'est un autre grand réalisateur; Michael Mann; qui déçoit. Mais à l'instar du premier, il garde tout son talent derrière la caméra et rend un scénario moyen, plutôt passionnant, malgré de nombreuses invraisemblances et un Chris Hemsworth, manquant de charisme, pour qu'on s'attache à lui.


Depuis son premier film "Le solitaire", Michael Mann excelle dans les scènes nocturnes et ce film ne déroge pas à la règle. Ses plans sont magnifiques, comme cette vedette fonçant sur Hong Kong, ou lorsqu'ils survolent la centrale nucléaire. Il a adopté la caméra numérique HD depuis "Collatéral", lui offrant une liberté et une immersion dans l'action, qui ne peut que s'apprécier sur grand écran. Mais cela le pénalise aussi dans les scènes d'actions, ou cela part dans tout les sens et ou les limites sont atteintes, dans une scène finale confuse et ratée. Pourtant, sa réalisation est hypnotique et reste le principal atout, de ce thriller high tech, en sublimant une histoire classique et bancale. Mais malgré tout son talent, Michael Mann n'arrive pas à tirer le meilleur de Chris Hewsworth, plus doué avec un marteau à la main. Il faut dire qu'ils nous avaient habitué à de plus grands acteurs devant sa caméra : James Caan, Daniel Day-Lewis, Al Pacino, Russel Crowe, Robert de Niro, etc....mais en tant que bon directeur d'acteurs, on lui laisse le bénéfice du doute, surtout qu'il n'était pas mal dans "Rush". Mais rien à faire, ce hacker sortant de prison et se transformant en héros maîtrisant l'art du combat mains nus, à l'arme blanche, au revolver, etc...tel le Steven Seagal des 90's, prête à sourire. Certes, sa grande carcasse lui permet de faire forte impression, au point de faire fondre la magnifique Tang Wei en un regard, en nous offrant une idylle sans saveur. Car autour de notre "héros", il y a un casting des plus réussis, avec donc Tang Wei, qui n'est pas juste une femme plus belle, que la plus belle de tes femmes, mais aussi Leehom Wang, un duo d'acteurs chinois-taïwanais, des plus élégants, qui aurait mérité d'être plus avant que Chris Hewsworth. Sans oublier Viola Davis (How to get away with murder) et le trop rare Holt McCallany (Lights out), profitant de rôles plus consistants, pour démontrer leurs talents, souvent mal exploités.
Mais le film est surtout plombé par un scénario des plus simplistes, mais qui arrive tout de même, à être confus, voir risible. Même si Michael Mann réussit à rendre la cybercriminalité cinégénique, dès la première scène du film, purement visuelle, allant du computer de la centrale nucléaire, à celle du hacker. Ce hacker désigné sous le nom de "Blackhat" (titre original du film), traqué par un autre hacker; Chris Hewsworth en l'occurence; emprisonné, mais concepteur du logiciel utilisé par son adversaire, qui l'a détourné pour servir ses ambitions, purement financière. En tant que prisonnier, il s'en sortait plutôt bien, il fait même preuve d'humour, mais ce manque de charisme, cette absence de barbe, le rend aussi fade qu'Antony Starr dans Banshee. La réussite d'un film tient à peu de choses, juste à un bon acteur.....
Un film imparfait, mais fascinant, comme cette voiture qui explose et nous scotche à notre siège, par la puissance de la scène, ou s'ensuit une fusillade partiellement réussie, mais émouvante. Ou cette camionnette chutant du haut d'un parking, purement gratuite, mais surprenante. Il y a des fulgurances, des moments de grâce, qui font toujours de Michael Mann, un des plus grands réalisateurs actuels. Mais il reste sur une série de films moyens : Miami Vice et Public Enemies, celui-ci reste dans la lignée de ces deux précédents, avec toujours le même point faible, son scénario.


Malgré la déception, le film reste de bonne facture, mais pour un Michael Mann, c'est faible. Il y a une attente et une exigence devant chacun de ses films, qui ne sont pas à la hauteur, mais il y a aussi cette beauté visuelle, la lumière et musique, qui permettent de maintenir l'attention, malgré la faiblesse de l'intrigue. Un Michael Mann plutôt moyen, mais pas pour autant inintéressant.

easy2fly
6
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le 26 mars 2015

Critique lue 361 fois

2 j'aime

Laurent Doe

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