1978: Michael Myers déchire l'écran et donne un nouveau sens au nom d'Halloween.
2018: Michael Myers (l'original) s'évade après 40 ans de captivité dans un multivers et retrouve une Laurie Strode prête à en découdre.


Inutile de revenir sur la saga Halloween et ses 9 séquelles (Season of the Witch étant un cas à part), car cela fait 4 décennies qu'elle hante les écrans de cinéma (selon les pays).
Cela faisait plus de 20 ans que je n'avais plus vu Myers à l'écran (soit depuis H20 en 1997) et il y avait encore Jamie Lee Curtis, d'ailleurs...Non pas que je n'aie apprécié (diversement) les épisodes ultérieurs (ma préférence allant au Halloween II DC de Zombie), mais voir Myers sur écran large ne m'attirait pas spécialement.
Et pourtant, cette fois-ci, j'y suis allé.
Pourquoi ?
Le trailer (formidable) a bien fait son boulot et surtout, le fait que Carpenter soit directement impliqué, ça a forcément influé sur ma décision.
Et contrairement à d'autres franchises où le réal d'origine participait activement dans un nouvel épisode pour tout gâcher joyeusement (un Scott, un Black, un Lucas ou autre...), Big John sort de sa semi-retraite pour revigorer une saga quelque peu malmenée par tant de personnes.


Blah, me retrouve donc dans une salle minuscule avec un panel du public cible (soit des teenagers entre 15 et 17 ans).


La séquence pré-générique se déroule sous mes yeux et arrive la visuellement magnifique scène dans la cour de l'hôpital psychiatrique. Ce damier...Ces malades enchainés...Ce Myers mutique...
Fade to black, générique.


https://www.youtube.com/watch?v=EAkmG-VH_O4


La réinvention du thème par Carpenter père et fils (assistés de Daniel Davies) s'égrène et les crédits ITC bold (typo du film original) s'affichent en grand, tandis que l'emblématique citrouille se reconstitue d'elle-même. Bref, Carpenter est en grande forme et pas qu'un peu ! D'ailleurs, la BO réinventée mixe des morceaux iconiques avec de nouvelles compositions qui se glissent sans peine dans cet univers.
Damn, so far so good !


Exposition des personnages dont se fait (forcément) remarqué celui de Laurie Strode, figure éternelle et reflet inversé de ce mystérieux Michael Myers.
Laurie est d'ailleurs celle qui est la plus complexe (reflet inverse du film original, où elle était définie comme peu intéressante) et mérite donc une attention toute particulière. A ce titre, Jamie Lee Curtis nous prouve qu'elle a dépassé le cadre de la Scream Queen de par son excellence dans ce film: sa Laurie est usée, amère, fataliste mais prête à faire face à son Démon ultime.


En effet (et pour faire rapide), quelques scories m'ont amené à ne pas mettre un 10 d'emblée:



  • les autres persos sont plus ou moins esquissés,


  • quelques jump-scares artificiels (c'est le genre qui veut ça),


  • et...voilà !



Cela dit, quand je dis que les autres protagonistes ne sont pas toujours réussis, ce n'est pas tant dans leurs actions (étant entourés de teens dans la salle, ils ont réagi positivement aux "d'jeunz" du film), mais dans leur utilité toute relative (on reste donc dans les clichés du slasher, bien qu'ils soient moins stupides qu'habituellement).
Slasher...Halloween 78 (ainsi que toute son engeance, minus Halloween II de Zombie, versant plus dans l'horreur psychologique) était un slasher, mais cette cuvée 2018 glisse progressivement vers le survival, ce qui est donc positif à mes yeux.


Une fois le couple principal balayé (pourtant présenté comme important dans la narration), le récit se resserre sur la parano élevée d'une Laurie Strode traumatisée à vie. Et là, on bascule dans le drame familial, puisque le comportement de mamie Strode pourrit la vie de sa fille (Karen Nelson) et par extension, celle de sa petite-fille (Allyson).


Mais où se place Michael Myers dans tout ça ?
Ben, au centre.
Myers a occupé toute la vie de Laurie depuis 40 ans, il est le noyau dur qui aide celle-ci à rester à flot.
D'ailleurs, Myers et Strode ne sont que le double reflet dans un miroir (ou les deux faces d'une seule pièce, si vous préférez): le Yin et le Yang, le positif et le négatif, le Bien et le Mal, la Belle et la Bête...
Il est par ailleurs intéressant de noter que deux scènes de H18 sont des reflets opposés au 78:
- celle où Allyson (alors en classe) tourne la tête vers la fenêtre et voit Laurie Strode (en lieu et place de The Shape en 78),
- ainsi que l'autre où c'est Laurie qui disparait au regard de The Shape après une chute du balcon (dans H78, c'est Loomis qui regardait et The Shape qui n'était plus là)


Michael Myers.
Quatre décennies plus tard, il reste toujours énigmatique. Et à nos yeux, et dans le film.
Aucun mot.
Aucune réaction.
Un fantôme.


Filmé de dos pendant la première partie, on lui refuse le droit à être identifié en tant qu'être humain. Tout au plus voyons nous un oeil crevé, stigmate d'un lointain passé dans une penderie...Relégué au second plan (voire arrière-plan) avant son nouvel avènement, Myers semble faire partie du décor comme étant une forme menaçante, mais lointaine. Presque désincarnée.


Puis arrive LA scène.


Myers ouvre le coffre d'une voiture, y plonge les mains dedans et agrippe son masque. Le visage est flou, le temps semble s'être arrêté. De ses deux mains, il tire sur le masque et cette face caractéristique (et craquelée par le temps) souligne un fait indubitable.


Michael Myers, ce simili-homme mystérieux n'est plus.
Voici The Shape !


Damn, que cette scène est iconique ! J'en ai encore des frissons de plaisir, tiens ! Ce passage du flou au terriblement net visage de la peur nous hurle que la seule et unique The Shape (La Silhouette) réapparait enfin après 40 ans (car c'est Nick Castle qui figurait le boogeyman jusqu'à cet instant, ce même Castle étant aussi la première itération de The Shape dans le film matriciel).
C'est beau, superbement pensé et iconique (je l'ai déjà dit ? Tant pis !)


Une fois qu'une flopée de victimes slasheresques subissent aléatoirement le courroux de The Shape, Halloween 2018 devient survival. Et Laurie Strode de prouver à sa fille et petite-fille qu'elle n'était pas folle depuis tout ce temps.


The Shape et Laurie se pourchassent dans un piège aux multiples pièces et se finit chaudement.
Oh, en parlant de ça, une autre scène iconique de notre Silhouette préférée:


celle où un plan en plongée nous la montre dans le sous-sol, tandis que le feu se propage. Et cet oeil vide fixant Laurie dans les flammes, ne ressentant aucune douleur et semblant lui promettre que...


Oh boy, c'est déjà fini !
Générique final.


https://www.youtube.com/watch?v=AHTuJcSJxbo


(Loud and heavy breath, at the end...)

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le 14 nov. 2018

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The Lizard King

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