Après un "Halloween 3" complètement hors sujet mais détenteur d'une bien belle matière intéressante à exploiter voici la "suite", qui est diamétralement à son opposé, on est tout à fait dans le contexte de continuité du second opus mais les ingrédients, eux, sont malheureusement avariées. Le réalisateur Dwight H. Little place l'action dix ans après la folie meurtrière d'Hadonnfield de 1978, pendant tout ce temps Michael Myers est resté gentiment à comater dans un hôpital psychiatrique, mais lors d'un transfert il s'échappe et repart jouer du couteau dans sa ville natale pour y retrouver sa jeune nièce, Jamie.

On constate déjà que le récit est introduit d'une manière peu orthodoxe, on nous embrouille déjà, Myers est sensé avoir plusieurs balles dans le citron et les yeux explosés mais on ne nous dit rien quant à son véritable rétablissement, genre on doit deviner, puis ensuite ça va de facilité en facilité, les apparitions presque oniriques du tueur dans l'esprit de la gamine sont incompréhensibles vu qu'elle n'est pas sensé savoir à quoi il ressemble. Surnaturel ? Mwai. Au passage Laurie Strode (sa mère) est déclarée comme morte, bon, à la bonne heure, elle se portait plus ou moins bien pourtant à la fin du 2 si je me souviens bien, double mwai. Enfin il faut dire que la pauvre Jamie n'est pas épargnée à la cour de recrée par ses petits camarades, allant même jusqu'à la torturer psychologiquement "ton oncle est un croque mitaine et ta maman est empaillée ah ah ah tu es orpheline", mon dieu que la jeunesse peut être cruelle et vile, ça peut créer des répercutions toutes ces sympathiques remarques. À côté de ça sa belle sœur Rachel trouve le temps de tout de même s'occuper d'elle comme il le faut, quand elle n'est pas à s'enamourer de son petit copain volage (en plus avec sa meilleure amie, décidément c'est la malédiction cette famille), l'histoire va en faire le personnage féminin principal. On retrouve aussi le Dr. Loomis incarné par Donald Pleasence (présent dans les deux premiers volets) qui va bien évidement se remettre en chasse de son ancien patient de psychopathe, tout d'abord on est heureux de le revoir puis on a la désagréable impression que son rôle est un peu écrit avec les pieds, il nous rebalance des répliques convenues comme "il n'a rien d'un homme" au moins deux ou trois fois, c'est bon on a compris, c'est agaçant, mais le charisme de l'acteur sauve tout de même les apparences il faut bien aussi l'avouer.

L'ambiance, elle, est poussive, due principalement à une réalisation très moyenne et ce malgré une bande son resucée sur celle de Carpenter, de plus l'intrigue n'est pas vraiment intéressante, on a même à la limite une sensation de déjà vu, les meurtres s'enchaînent sans aucune audace, Myers n'inspire pas franchement l'angoisse pendant une bonne partie du film, reste la séquence de l'assaut de la maison qui est pas mal du tout, sans aucun doute le meilleur passage. Mais après ça c'est l'avalanche d'incohérences et/ou de faux raccords, je ne vais pas tous les énumérer mais il y en a beaucoup, surtout deux qui m'ont choqué, par exemple lorsque Myers fait tomber Rachel du toit et qu'il se retrouve 5 secondes chrono en main devant la porte, connaissant sa lenteur légendaire j'ai des doutes quand à la crédibilité du cut, ou encore à un moment où ce même as de l'opinel voit sa belle perruque brune ténébreuse se blanchir le temps d'une cascade, joli. Pas besoin donc d'insister sur le fait que la mise en scène traîne la papatte, si seulement le reste tenait debout, mais c'est extrêmement fragile, allez je vais dire que les acteurs restent corrects, notamment la petite Danielle Harris, qui a 11 ans et pour son tout premier rôle donne tout ce qu'elle a, grâce lui en soit rendue, elle est d'ailleurs la figure de ce twist final assez surprenant et inattendu, d'un sens plutôt exagéré mais assez percutant pour pouvoir me tourner vers la suite, bien joué bien joué ...

Ce "Halloween 4" n'est pas franchement convaincant, je dirais même plutôt médiocre dans ses mécanismes du registre horrifique, Dwight H. Little échoue dans la perspicacité du fameux retour du sanguinaire Michael Myers, en six ans d'absence le personnage a inévitablement perdu de sa superbe, et même à côté de ça il y a beaucoup trop de maladresses pour que je le sauve des eaux, si ce n'est pour quelques bons passages et un final réussi, je ne peux même pas dire que c'est réellement un navet mais disons un coup d'épée dans l'eau de cette franchise en manque de second souffle.

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le 14 févr. 2015

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JimBo Lebowski

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