Rythmée et généreuse en morts, cette suite ose mais part dans tous les sens dans un sanglant bordel.

On ne compte plus les suites, remakes, reboots et autres réinventions entourant le mythe de l’un des croque-mitaines les plus célèbres du grand écran : Michael Myers. Voire peut-être le plus célèbre et surtout celui à l’origine d’un sous-genre qui revient à la mode au fil des ans : le slasher. Si on les compte tous, ce tueur masqué approche bien la vingtaine de films et donc plusieurs centaines de morts à son actif. Et dans ce « Halloween tue » il semble battre tous les records de victimes, peut-être d’ailleurs l’un des buts de David Gordon Green. Le rythme du film est très soutenu, ce qui est l’une de ses qualités et c’est aussi certainement par le fait qu’il soit l’opus du milieu de cette nouvelle trilogie autour de « Halloween » et de son illustre tueur masqué. Les présentations sont déjà faites et on n’en est pas encore à la conclusion donc on peut décimer du quidam à profusion. Le cinéaste et ses scénaristes mettent donc ici en scène purement et simplement un carnage du tueur durant plus d’une heure et demie. Ce qui est à la fois réjouissant (c’est pour cela qu’on va voir ce type de films) mais aussi un peu frustrant (rien de neuf sous le soleil de la saga).


Il y a un nombre de victimes pléthorique qui fait que les amateurs de gore et de meurtres ne seront pas déçus. On ne s’ennuie pas, le sang coule à profusion mais difficile d’innover dans les mises à mort et peu sont mémorables hormis par leur violence sèche et crue. On n’est pas dans « Scream » ici, descendant de ce siècle au genre créé par « La Nuit des masques », le tout premier film de la saga. En gros, le tueur ne joue pas avec ses victimes. Il tue. Point. Et Gordon Green planche plutôt sur la quantité que la qualité avec brio. Cependant, on commence à voir les limites de cette nouvelle trilogie. La saga originale s’était enlisée dans des suites à n’en plus finir au point d’en devenir ridicule. Le remake de Rob Zombie et sa suite étaient dignes d’intérêt mais sont déjà oubliés. Le retour de Jamie Lee Curtis dans la saga originale que l’on a déterré avec deux films (« Halloween, 20 ans après » et « Halloween résurrection ») étaient des plaisirs coupables amusants mais rien de plus. Le projet de Gordon Green de faire une suite directe du premier film avec une trilogie sentait la hype et le film avait été bien reçu alors qu’il n’avait rien de transcendant. Un peu surcoté donc mais appliqué c’est certain; et voulant redonner sérieux au genre et à ce tueur mythique. Cette seconde partie prend étonnamment une autre direction et ose tout... et parfois n’importe quoi.


Gordon Green nous offre donc une espèce de grand huit de meurtres et de violence mais son script semble partir dans tous les sens dans un joyeux et sanglant bordel. Il y a des images des films originaux, des flashbacks ajoutés mettant en scène des personnages âgés du film original de Carpenter, des retours sur le premier film de la trilogie et des ajouts à la mythologie de la saga entière! Tout cela oui et ça fait un peu beaucoup surtout que le montage est quelque peu foutoir. Le script ici est assez idiot et pourtant on a parfois du mal à suivre avec tous ces personnages dont les noms s’entremêlent à travers tous les films. Le premier épisode faisait donc un peu illusion par son côté sombre et premier degré, ici il frôle parfois la surenchère et le grotesque en rentrant dans le slasher pur et dur. Les fans crieront aussi certainement au sacrilège à cause de l’épilogue qui démystifie le tueur tout en lui octroyant une part de mythologie en plus. Risqué et pas sûr que le mythe y gagne. Myers incarne le Mal et c’est surligné plus que de raison. Ensuite, la tentative d’injecter un côté psychose générale à la population d’Haddonfield avec chasse aux sorcières et loi du Talion ne fonctionne pas du tout et toute cette partie est vaine. Une partie où s’illustre d’ailleurs Jamie Lee Curtis, complètement inutile ici, tout comme sa fille et sa petite-fille. Et une partie qui a du mal à raccrocher les wagons avec le reste. Au final, « Halloween tue » est la suite d’une suite de film culte, totalement foutraque, qui ose pas mal de choses mais ne le fait pas toujours bien. Heureusement, ça va vite, c’est sans concession au niveau des meurtres et on se montre plus tolérant sachant que c’est un épisode transitoire. Mais en sortant de la salle, on ne peut s’empêcher de se demander si tout cela était bien nécessaire...

JorikVesperhaven
6

Créée

le 16 oct. 2021

Critique lue 203 fois

3 j'aime

Rémy Fiers

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