L’increvable Michael Myers revient pour la énième fois avec ce «Halloween Kills», deuxième volet du reboot de la saga culte, avec David Gordon Green aux manettes. La seule raison pour laquelle j’ai regardé ce film est son trailer alléchant, qui semblait annoncer quelques prétentions visuelles à l’horizon.
«Halloween Kills» a incontestablement des intentions et une volonté de bien faire les choses, on est loin d’un énième épisode insipide, réalisé sans conviction, pensé, charcuté et emballé comme un produit pour teenagers. Le maître Carpenter est à la production et je subodore son implication dans le projet, tant les messages d’ordre politique transparaisse dans le film.
Déjà, sans même vérifier, je suis à peu près certain que le film est classé R tant la violence graphique est omniprésente tout du long. Le nombre de victimes est très élevé, peut-être autant que dans l’excellent «Halloween II» de Rob Zombie. La violence est sans concession, d’une brutalité rarement atteinte dans la saga.
Visuellement, l’effort en matière de production design se remarque dès la scène d’introduction se déroulant en 1978, les couleurs sont vraiment jolies, certains plans bien soignés démontre un travail fait avec une certaine attention de la part du chef-opérateur. Durant la suite du film, cela reste assez inégal, Gordon Green faisant preuve de peu d’originalité dans la mise en scène.
À mon avis, un des gros points fort du film est l'utilisation du cultissime thème musical de Carpenter. Clairement encrée dans une dynamique rétro très eighties, la musique est davantage pensé comme un élément de nostalgie, avec son gain et son utilisation très kitsch, les amateurs de cinéma de genre des dernières décennies apprécieront, d'autres trouveront ça ridicule.
L'aspect politique du film est – je dois dire – assez inattendu pour moi, dans la mesure ou tout tend vers le trash, le fun et la nostalgie dans ce volet, ce qui donne des ruptures de ton un peu étrange. Un message à peine voilé sur la corruption policière est intégrée dans l'histoire, fort bien introduit au début du film. Mais surtout, la trame politique principale de ce Halloween est une charge contre le talion, le fait de faire justice soi-même. La scène dans l'hôpital est frappante à ce sujet, quand une foule vengeresse poursuit un homme innocent, croyant qu'il est Michael Myers. Le film enfonce le clou lors de la dernière confrontation entre le tueur et la foule. Myers, dans cet épisode, est en réalité davantage un symbole du mal, la part d'ombre de l'humanité qui sommeille en chacun de nous. À plusieurs reprises, le personnage de Laurie Strode insiste pour «tuer le mal», indiquant pour ce faire, des méthodes punitives extrêmes. Le film semble être une critique de l'idée d'une pureté de la justice motivée par les passions, au détriment du droit. Une pureté qui ne sera jamais atteinte, encore moins à l'aide des armes de la vengeance.
En somme, «Halloween Kills» est un bon film si on prend en considération le niveau général assez lamentable de cette saga. Un bon film qui se regarde et qu'on peut apprécier comme une honnête série B. Sympathique, même si la probabilité que je le revois est nul.