Hamburger Hill
6.6
Hamburger Hill

Film de John Irvin (1987)

Ce film est passé assez inaperçu à sa sortie en 1987, sinon pour dire "Encore un film sur le Vietnam !", je m'en souviens, à l'époque il n'y en avait que pour Platoon qui permettait à l'Amérique de ressasser son spleen et de s'auto-psychanalyser, et pourtant, avec Platoon, ce film est sans aucun doute le plus criant de vérité sur cette sale guerre en rendant compte de la vacuité de la guerre, et de cette putain de colline où des centaines de soldats ont été transformés en chair à pâté, d'où son nom de "Hamburger Hill". Une colline 937 soi-disant position stratégique qui se révèle parfaitement inutile. Le réalisateur en tant qu'Anglais, donne son point de vue impitoyable sur ce fait d'armes vain, sans esbroufe, sans donner de leçon, sans glorifier le soldat, sans dénigrer l'Amérique. C'est de l'héroïsme désespéré, c'est la boue, le sang, le bruit et le carnage où triomphe la mort et où les hommes sont touchants dans leurs attitudes.
Avec une sorte de rigueur documentaire plus poignante que les grands discours patriotiques, le réalisateur livre un témoignage âpre et violent qui remue les tripes en ne faisant pas grâce au spectateur d'images qui heurtent la conscience et le regard. Sorti en pleine réhabilitation des vétérans du Vietnam, le film a fait déborder une coupe qui était déjà bien assez pleine, en faisant prendre conscience du mépris aveugle dans lequel on a jeté ces soldats, relayant ainsi Oliver Stone et son discours dans Platoon. Mais le principal intérêt du film n'est pas tant les combats acharnés auxquels on assiste, mais bien plutôt la vie quotidienne de ces recrues (souvent de la bleusaille destinée au casse-pipe) en dehors des assauts, leur sentiment d'isolement et d'abandon par rapport à leurs proches restés au pays, leurs moments de détente au boxon local, et toutes les infos à gérer pour simplement survivre, qui passent de l'hygiène dentaire à la manière de progresser sur cette maudite colline. C'est sans doute pour ça que le réalisateur a écarté les stars de son casting constitué de bons acteurs de second plan où se détachent Dylan McDermott, Courtney B. Vance et Steven Weber, et où l'on remarque un Don Cheadle jeune qui débutait. Un film qui a quelque chose de pathétique et de traumatisant, mais un film à voir.

Créée

le 5 déc. 2017

Critique lue 1.7K fois

20 j'aime

14 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

20
14

D'autres avis sur Hamburger Hill

Hamburger Hill
limma
6

Critique de Hamburger Hill par limma

John Irvin filme un épisode de la guerre du Viêt Nam peu connu qui s'est déroulé en 1969 et cherche à démontrer l’horreur que vivra une escouade de soldats, la 101ème division pendant 10 jours, aux...

le 5 janv. 2018

13 j'aime

8

Hamburger Hill
AMCHI
6

La colline de la mort

J'avais envie de revoir ce film dont je gardais en tête un bon souvenir. Film peu connu sur la conquête particulièrement mortelle d'une colline sans véritable intérêt, l'histoire se déroule en 1969...

le 4 nov. 2021

13 j'aime

8

Hamburger Hill
batman1985
7

Critique de Hamburger Hill par batman1985

Film assez inconnu sur le Vietnam et par ailleurs mésestimé car il faut lui reconnaître des qualités en dépit des quelques défauts existant tout au long de cette oeuvre. On sent tout d'abord que ce...

le 6 mai 2011

10 j'aime

2

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

121 j'aime

96

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

95 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 4 déc. 2016

95 j'aime

45