J'ai bien aimé à l'époque Hancock. Je l'ai même beaucoup aimé, alors qu'il n'a jamais su se faire réellement apprécier.
C'est en le revoyant aujourd'hui que je comprends finalement vraiment ce qui m'a plus dans ce film. Les qualités de ce film malgré son manque clair d'ambition m'apparaissent plus évidente à la lumière des nombreux films de super-héros qui se sont accumulés ces dernières années et notamment à la lumière des nombreuses déceptions personnelles faces aux dernières réalisations du genre.
On a beaucoup décrié ce film à l'époque et encore aujourd'hui pour des raisons qu'on voit pourtant saluer de toute part lorsqu'on les retrouve dans les films de Marvel. Remis dans son contexte, il faudrait probablement juger avec plus d'indulgence ce film. Sortie deux mois après Iron Man 1, c'est à dire deux mois après le film de la première phrase du fameux univers partagé de Marvel, les films de Super-héros commençaient à être des succès mais n'étaient pas du tout autant à la mode qu'aujourd'hui. Finalement seuls les Spiderman et X-mens avaient fini de percer à l'époque. ET du côté DC, le premier film très sombre pour l'époque de la trilogie de Nolan, et le second qui sort un mois après Hancock et l'éclipse finalement totalement.
Sa sortie au mois de Juillet l'aura définitivement pénalisé car ses qualités sont finalement typiques de la recette à succès de la Maison des Idées. Bourré d'humour, le film ne se prend pas au sérieux, et le personnage est loin d'être une icône sacrée comme peuvent l'être Batman et Superman. Un homme finalement comme les autres, avec ses qualités et ses défauts, et c'est bien ce qui a toujours été la marque de fabrique de Marvel, sa capacité à créer des Super-héros humains plus proches des considérations quotidiennes des lecteurs. L'opposé finalement de ceux de DC qui représentent davantage les différentes perspectives morales que l'on peut poser sur le monde. Le caractère imparfait de ce super-héros se révèle très irrévérencieux durant une bonne première moitié de film. Bien entendu, on retrouve une évolution du personnage classique et finalement proche de la morale. Cependant Deadpool, bien qu'allant plus loin dans l'impertinence, n'en est pas moins un film finalement très peu audacieux moralement. Et Hancock s'accapare finalement la même fraicheur qui fait le succès de Deadpool, avec une tendance à la grossièreté mais présenté de manière moins crado ! Bien sûr, Iron-Man donc qui précède de quelques mois, donc alors que le film avait déjà été tourné, apportait déjà une touche d'impertinence au monde des super-héros mais bien moins originale que celle de Hancock. Puisque finalement, l'impertinence de Tony Stark bien qu'éloignée de l'image traditionnelle des super-héros, restait avant tout présenté comme une qualité augmentant considérablement le charisme du personnage. Elle révélait non pas un aspect anti-héroïque du personnage mais bien sa touche frondeuse ! Hancock lui apparait comme un véritable anti-héros renonçant et ne maitrisant de toute façon pas les codes sociaux et relations humaines.
A ce personnage irrévérencieux et cette touche de comique, s'ajoute l'intégration classique d'une histoire d'amour. Un élément essentiel dans le succès du premier Amazing Spiderman, et qui a sauvé du naufrage le second. Cette histoire d'amour a aussi été décriée, la présentant comme niaise, et pourtant elle ose aussi tenter d'apposer une petite touche tragique en intégrant à l'intrigue et au passif du super-héros, un amour impossible qui donnerait finalement même envie d'en savoir plus sur les origines et pairs de ce super-héros. Enfin, ce qui ne semblait à l'époque qu'un prétexte à la comédie se révèle une problématique si importante qu'elle deviendrait l'essentiel des futurs films de super-héros. Tout le film en effet se fonde sur l'idée que les sauvetages des super-héros par les destructions massives qu'ils engendrent peuvent se révéler un remède pire que la maladie. C'est la raison qui explique le mépris des gens pour Hancock au début du film. Cette problématique ne peut être esquivé dans les blockbuster de super-héros qui existent une dizaine d'année. La question a commencé à se poser à la fin du premier Avengers avec la destruction de New-York. Si le film fut très apprécié majoritairement, le fait est qu'il a commencé à soulever cette question qui pose au fil des films suivants de plus en plus de problèmes. Un problème qui commença à ce point à devenir gênant qu'il semblait impossible ses dernières années de concevoir un planning de films qui ne serait pas centré sur cette problématique. Question essentielle du second Avengers, mais aussi du récent Batman V Superman, et finalement point de départ du plus récent encore Civil War. Problème qui était gênant car il semblait finalement ignoré, jusqu'à ces récentes réponses ; Hancock lui ne l'oublie pas !
Bien entendu, tout cela n'est jamais abordé en profondeur. Le film manque clairement d'ambition pour cela. Il incorpore tous ses éléments sans jamais les développer avec tout le sérieux que méritent ses pistes. Mais, je ne pense pas pour autant que le traitement apparaisse fondamentalement plus profond dans les deux autres films de l'époque (Iron-Man et Batman The Dark Knight). Le problème est finalement qu'Hancock n'avait pas encore compris le changement de format que devait adopter à cette époque les blockbuster. Car oui pendant longtemps, et toute ma jeunesse, même un blockbuster tendait à durer environs 1h30. Iron Man et le second Batman de Nolan eux avaient très bien compris que les films de super-héros pour mieux aborder leur thématiques méritaient des films qui dépassaient les deux heures. Rajoutons quelques scènes développant l'aspect tragique du passé du héros et de son amour d'antan et nous voilà avec un film de la qualité d'Iron Man selon moi.
Divertissement très honnête finalement, ce film mérite pour moi clairement un sept. N'abuserais-je pas un peu en ayant augmenté ma première note pour atteindre les huit ? Peut-être, mais malgré son manque d'ambition, je ne peux m'empêcher d'apprécier la synthèse modeste mais finalement presque complète de ce qui fait le charme d'un film de super-héros. Un gros capital sympathie de ma part donc pour cet Outsider très souvent oublié et qui pour moi vaut bien un certain nombre des derniers films de super-héros, répétitifs, lisses et sans prises de risque.