Il semblait difficile d'offrir une suite aussi réussie que Happy Feet premier du nom, déjà généreux à tous les niveaux, que ce soit dans la forme ou le fond. Or, en dépit d'une introduction qui m'a un peu moins plu, enchaînant trop les chansons à mon goût en recyclant un peu trop les mêmes recettes du précédent opus en surfant une nouvelle fois autour du thème de la différence (certes, son coeur fondamental), finalement, tout en développant ses acquis à travers une relation père-fils (qui déteste la musique ET la danse !) autrement plus développée, ce second épisode prend une nouvelle direction absolument jouissive, à savoir celles de la solidarité et surtout de l'adaptation, avec un thème fédérateur peut-être encore plus puissant, car il rend optimistes les situations apparemment graves et sans issue, où l'infiniment petit peut avoir une petite poussée qui fait toute la différence sur son environnement et l'infiniment grand.
Ainsi, on ne perd rien en profondeur en se concentrant sur deux destinées simultanées : d'une part celle tout à fait épique et marrante de deux crevettes décidant de fonder l'individualité et de rompre avec le cycle de la nature qui les condamnent au rôle de victimes de la chaîne alimentaire avec un sous-texte sur l'homosexualité plutôt osé par rapport au jeune public, et d'autre part, celle du sauvetage organisé des manchots condamnées par un iceberg qui a été poussé par un caprice de la nature. Les chansons choisies pour illustrer ces péripéties sont souvent justes et très rythmées, en allant crescendo en termes de qualité. Le niveau technique est aussi très élevé, jouant l'équilibriste entre réalisme et mignon, avec pour cerise sur le gâteau de fabuleux effets de lumière dans l'océan et des angles de vue tout proprement impressionnants pour illustrer le passage du micro au macro.
Bref, même si je préfère un chouïa le premier épisode, ce Happy Feet 2 frappe encore très fort : une grande oeuvre humaniste et utopiste qui fout la banane (en faisant bosser les espèces ensemble au nom de l'évolution planétaire), dévoilant ainsi une profondeur atypique pour le genre en abordant des thèmes peu enfantins mais avec pédagogie (se permettant même de flirter avec la tragédie tandis que le premier était plus lumineux). Le tout est porté par des images sublimes, des personnages attachants, et des chansons souvent inspirées et accrocheuses. Probablement l'une des meilleures réussites dans le genre de l'animation depuis longtemps, écrasant les Age de glace en termes d'esthétique (le grand Nord) et de couleur thématique (l'écologie).