Happy hunting n'a pas grand chose dans son pitch pour se distinguer de la concurrence. Un plouc se retrouve poursuivi par d'autres ploucs dans le désert américain. Mais c'est le programme de toutes les chaines d'info locales de l’Amérique ! Pourquoi en faire un film ? A fortiori, la présentation des personnages est plutôt quelconque, mais le classicisme de la présentation des lieux (des plans longs, une envie de sensation pour jouer l'immersion, des beaux plans, j'insiste) et de l’Amérique profonde (avec ses traditions, beaufs ou fanées) touchent juste. L'univers fonctionne, jusqu'à ce que tout parte en vrille avec les arguments promis par le pitch. On se retrouve avec un village entier qui cautionne un système de chasse à l'homme, mais qui hélas n'y prend pas entièrement part (pour le coup, on aurait pu braconner sur le terrain du suspense d'american nightmare). Toutefois, les quelques chasseurs assurent le rythme, et oui, la chasse tient plutôt ses promesses en termes d'implication (hélas au prix d'incohérences ponctuelles, comme celui de la cartouche qui explose dans la main... Non, les balles ne partent pas dans ces conditions). Toutefois, le rythme est soutenu et oui, on s'immerge dans cet univers cliché mais bien rodé, et esthétiquement léché (le drone a été régulièrement utilisé pour suivre la progression dans l'immensité des décors naturels). Dommage donc que le film n'ait pas réussi à diluer un peu ses clichés, malgré de notables efforts de personnalisation sur le héros et un de ses chasseurs.


Pendant tout le film, il y a la tentation de la politique. C'est ce qui avait considérablement alourdi Disierto, et qui semble revenir ici à la charge dans le décor. Les beaufs arriérés de la campagne du Sud, les immigrés mexicains qui deviennent eux aussi des proies, les revendications culturelles et traditionnelles de la ville... Et ce plan de la barrière USA/Mexique... C'est drôle comment la barrière a pris ce rôle libéral dans les derniers films américains en empêchant les héros de s'enfuir alors qu'elles étaient sensées les protéger. LOL. Heureusement, le film enchaîne direct sur une version toute aussi monolithique de l'après, ce qui vient dissoudre d'éventuels soupçons d'instrumentalisation, le film utilisant simplement ce qui lui plaît pour soutenir son efficacité. Quelques maladresses de styles compensées par le rythme et l'élégante photographie, on tient ici un petit thriller qui a ce qu'il faut pour mériter le visionnage et offrir un peu de fraîcheur dans le survival.

Voracinéphile
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le 5 oct. 2017

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