À l'occasion de sa ressortie en salles en versions restaurées 4K, voir ou revoir "Happy Together" (1997) de Wong Kar-wai c'est retrouver une poignante histoire d'amour entre amants déracinés de leur ville natale Hong-Kong (comme le réalisateur) qui s'envolent vers Buenos Aires pour "repartir de zéro".
Ce supebe long métrage se déploie sous la forme d'un vibrant "je t'aime/moi non plus" narratif, où Wong Kar-wai véritable magicien des images alterne noir et blanc et couleur comme pertinent écrin formel.
Le cinéaste enveloppe sensuellement, viscéralement cette intense histoire d'amour et de corps, de manière brute sans jamais l'idéaliser, comme s'il dévoilait un journal intime, composé de sexe, de disputes, de réconciliations, de tendresse, d'affrontemenes et de larmes. Le réalisateur ausculte avec brio lcette relation amoureuse masculine avec une justesse singulière, une virtuosité esthétique (magnifique photographie de Christopher Doyle) et un sens du montage saccadé.
Le metteur en scène, tel un chef d'orchestre, compose un véritable tango passionnel, où la nostalgie s'inscrit aussi à travers le bandonéon de l'envoûtante musique d'Astor Piazzolla, qu'au sein des objets concrets évoquant notamment les chutes d'Iguazu cristallisant un amour et un paradis perdu...
Cette œuvre élégiaque d'un réalisme poétique est sublimée par le souffle des deux acteurs émouvants Tony Leung et Leslie Cheung.
Venez vibrer grâce à cette émouvante errance des cœurs, où le déchirement des âmes souligne avec acuité qu'il n'est pas facile d'être forcément "Happy Together"...
Fiévreux. Sensible. Âpre. Déchirant.