N°2 du top 111, prix du jury au Festival de Cannes 1963, classique parmi les classiques du cinéma japonais, je pense qu'on peut affirmer qu'Harakiri est devenu incontournable.


Harakiri est un film au rythme très lent. La narration est formée d'une alternance de flashbacks et de scènes du présent. Un peu comme Citizen Kane, on apprend à découvrir petit à petit un personnage en s'intéressant à son vécu. Mais finalement, son propos s'apparente presque plus à Kill Bill, et ça ne m'étonnerait pas si certaines scènes avaient directement inspiré le film de Tarantino.


Harakiri est vraiment fidèle à l'idée qu'on se fait de la culture japonaise du XVIIe siècle. Il requiert par conséquent une certaine curiosité, un attrait pour les cultures bien différentes.


Mais de quoi parle Harakiri ? C'est un samouraï déchu, un rōnin, qui souhaite se faire harakiri (suicide) dans l'enceinte du clan li, ce qui est considéré comme une mort courageuse et digne. Il s'agit d'une pratique ancienne, très rare de nos jours. Kobayashi dénonce un abus de pouvoir fictif mais emplit de vice et d'hypocrisie.


Le personnage de Tsugumo, remarquablement interprété par Tatsuya Nakadai dont le regard puissant témoigne de toute la force du film, représente plus qu'un simple samouraï déchu. C'est le soulèvement de la classe populaire, qui n'a rien à perdre, contre l'autorité en place, qui profite de son statut pour laisser libre cours aux injustices. Je n'aime pas surinterpréter les propos des films, mais dans celui-ci, ça me paraît plutôt limpide.


Le film ne finit pas mal. La scène de combat n'est pas tellement une scène de suspense, car on sait plus ou moins comment ça va finir et qu'elle est un peu irréaliste. Mais la mort par harakiri est magnifique, et l'hypocrisie dont témoigne l'intendant est extrêmement dénonciatrice. Ils ont gagné, mais n'ont pas d'honneur.


Harakiri a plutôt bien vieilli, pour un film japonais de 1962. Il a son lot de scènes intenses, et même de scènes sanglantes, avec de magnifiques cadres et lumières (faute de couleur), et peut être une bonne porte d'entrée pour quiconque souhaite s'intéresser de près au cinéma japonais.

Monsieur_Cintre
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le 24 janv. 2020

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