Harbinger Down
4.3
Harbinger Down

Film de Alec Gillis (2015)

Je me suis lancé dans Harbinger Down sans réellement savoir dans quoi je m’embarquais, si ce n’est que je savais que c’était une série B horrifique avec Lance Henriksen, et que ça rendait hommage à The Thing de Carpenter, qui est au passage mon film d’horreur préféré (il fut mon premier DVD, puis mon premier BluRay). Les avis semblaient mitigés mais qu’importe, c’était court et j’étais curieux de voir ce que ça pouvait donner après la déception du remake de the Thing en 2011. Bon, le résultat était comme les avis que j’avais lus ci et là, très moyen. Mais la conception elle-même du film, tout du moins la raison pour laquelle il a été fait, est-elle des plus intéressantes. Alors nous allons parler de tout ça pour les quelques aventuriers qui liront cette chronique d’un film que personne ne connait.


La société ADI, Amalgamated Dynamics Inc, est une entreprise spécialisée dans les effets spéciaux. Certains de leurs membres ont travaillé sur des films tels que Alien 2, 3, et 4, Tremors, Terminator 2, The Thing Mars Attack, The Abyss, Starship Troopers, Spiderman 3, ou plus récemment sur le dernier Godzilla. En 2010, ils sont embauchés par Universal pour s’occuper des effets spéciaux de la préquelle de The Thing. Ils abattent un boulot titanesque, mais ont la désagréable surprise de constater, juste avant la sortie du film, que tous leurs effets spéciaux ont été remplacés par des CGI. Ce n’est pas la première fois que ça leur arrivait mais c’en était trop pour deux de leurs spécialistes, Tom Woodruff Jr et Alec Gillis qui ont vraiment très mal pris la chose, d’autant plus qu’ils sont fans de The Thing. C’en est trop pour ce dernier qui décide de réaliser un film dans la veine d’un The Thing en revenant aux sources pour pondre une bobine digne des classiques du genre. La société ADI se met donc en tête de montrer aux producteurs et au grand public que les effets spéciaux à l’ancienne en ont encore dans le ventre et que le numérique ne fait pas tout. Alec Gillis lance une campagne de financement participatif sur Kickstarter, promettant la présence de Lance Henriksen (Aliens, Millenium) dans son métrage, et réussit à réunir 384000$US (pour 350000$US demandés), devenant ainsi la campagne la plus réussie pour un film d’horreur. Harbinger Down est né et se ventera d’être entièrement bâti sur des animatronics, des maquettes et autres prothèses. Alex Gillis voulait faire son the Thing, et il va pouvoir faire son The Thing. Après visionnage, l’amateur des années 80 que je suis est content de retrouver ces effets spéciaux à l’ancienne qui, et ça a maintes fois été prouvé, vieillissent souvent bien mieux que le CGI. Mais Harbinger down ne parvient malheureusement jamais à ne serait-ce que se rapprocher du monument de cinéma qu’est The Thing de John Carpenter. Pire encore, à trop vouloir lui rendre hommage, il tombe dans le plagiat sans saveur.


Les références à The Thing vont être nombreuses, à commencer par le premier plan du film dans une région glaciaire, lorsque l’objet non identifié tombe du ciel, qui nous donne la date du 25 juin 1982, qui n’est autre que la date de sortie de The Thing. Mais c’est également la trame principale qui est reprise ou encore la manière d’éradiquer le monstre (lance flamme pour The Thing, lance gaz cryogénique ici). Les exemples pourraient être très nombreux. On sent également et très fortement l’inspiration du tout premier Alien (1979) de Ridley Scott, de par le côté « claustrophobique » de certains lieux où se situe l’action. Le monstre pourrait même parfois rappeler celui de The Blob (1988) de Chuck Russell. Du coup, il faut avouer qu’en termes d’originalité, on repassera. Même chose pour la prévisibilité du scénario, il n’est pas difficile de prévoir ce qui va arriver tant on est dans quelque chose de vu et revu. L’ambiance est malgré tout plutôt sympathique, même si elle ne rivalise à aucun moment avec ses modèles. Harbinger Down est visuellement pas trop mal, avec quelques beaux plans, de jolis effets de lumière, mais l’ensemble reste au final assez classique. Ça manque d’envergure, peut-être à cause de l’inexpérience du réalisateur dont c’est le premier film. Ça se ressent également au niveau de la créature qu’ils ont créée. Il y a une excellente idée de départ, à savoir un monstre qui peut synthétiser les adn qu’il croise, qui aurait pu donner quelque chose de vraiment excellent. Mais c’est complètement sous-exploité. De plus, le monstre n’est jamais réellement montré dans son intégralité : soit il n’est pas en entier, soit il l’est mais dans l’obscurité ou avec une mise en scène façon shakycam. Les personnages sont très clichés. On a comme souvent le gros bourrin, le gros con qu’on a envie de voir crever, la blonde athlétique, … Le film n’est, en plus, pas aidé par son héroïne interprétée par une actrice complètement lisse. Et au milieu de tout ça, on retrouve un Lance Henriksen qui semble « trop vieux pour ces conneries ». Bref, malgré de bonnes choses, on ne peut s’empêcher d’y voir un gros gâchis, même si on ne s’ennuie pas grâce à un scénario plutôt rythmé.


En voulant faire son The Thing, Alec Gillis confond les mots « hommage » et « plagiat ». Harbinger Down nous démontre qu’il ne suffit pas d’être un spécialiste des effets spéciaux reconnu pour être un bon réalisateur. Un coup d’épée dans l’eau même si ça reste regardable.


Critique originale avec images et anecdotes : ICI

cherycok
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le 15 sept. 2020

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