Les qualificatifs usuels pour parler de ce film manquent cruellement de saveur… Malsain, glauque, étouffant, pervers… Tout cela n’est qu’euphémisme au regard du pauvre spectateur sur lequel on fait peser une chape de plomb à la limite de sa suffocation. C’est bel et bien un film hard qui techniquement parlant touche à la perfection.
La mise en scène extrêmement complexe et stressée de David Slade y contribue pour beaucoup. C’est d’autant plus troublant qu’il signe là sa première réalisation avec l’aplomb d’un maître. Ses cadrages virevoltants, l’usage stylisé de ralentis et d’accélérés, le jeu d’opposition des couleurs comme trame de l’action, les flous joutant avec la netteté, tout contribue non seulement à en faire une œuvre picturale originale, mais surtout à marquer sauvagement un climat d’horreur. Pas l’horreur gore, mais celle tablée sur le quotidien, réaliste et accessible où tout est suggéré et laissé à l’appréhension du spectateur.
Les acteurs s’imposent aussi dans ce thriller unique en son genre, ce huis clos où l’on se réjouit amplement que le traqueur devienne le traqué. Ellen Page et Patrick Wilson n’usent pas d’artifices ni de faux semblants, ils sont Hayley et Jeff, ils impressionnent terriblement.
Si dans son ensemble le film se tient, on peut toutefois lui reprocher un flottement dans sa dernière partie. Le réalisateur tout audacieux qu’il soit, semblent douter de son épilogue et fait perdre un peu de force à son sujet. La morale est sauve certes, mais légèrement en retrait par rapport à là où il semblait vouloir nous amener.