Un film qui garde le cul entre deux chaises

Voici Hard Corner le film, un film réalisé par un chroniqueur du net et financé par crowfunding. Hmm.. Je trouvais la bande annonce mal montée et beaucoup trop "classique" dans sa composition. Néanmoins, le film a su me surprendre. Pour les fans du Hard Corner, ou même pour les gens qui se content de le regarder, c'est avec fascination que l'on observe les origines fictives d'une simple émission sur le net qui n'avait pas réellement imposé d'univers. En effet, les chroniques de Benzaie se résument à quelques sketchs avec des clients et la présentation d'une collector d'un jeu quelconque. Je ne vous dis pas donc ma surprise quand j'ai su qu'un film était en préparation. Comme exemple de comparaison, imaginez que l'on annonce le film d'un "Diner presque parfait" qui raconterais les origines de l’émission. Etrange n'est-ce pas ? Passons sur ce détail et concentrons nous sur le scenario en lui même. Il est audacieux, sans être très original. Dans la boutique "Jean Gaming", Benzaie subit les "violences" de son propriétaire, Jean-Guillaume, ancien camarade de classe. On suit alors l'évolution du personnage face au problème du chômage qui le guette. C'est marrant de suivre un ado de 13 ans dans le corps d'un vieux de 32 ans pendant une heure, mais les personnages sont beaucoup trop artificiels. A commencer par la copine de Benzaie, qui en plus d'avoir un jeu discutable ne prend aucune décision logique, même si le film essaye de nous faire croire le contraire. Le cul entre deux chaises, elle passe d'une personnalité, à l'autre sans raison véritablement logique, et fait perdre par la même occasion pas mal de crédibilité au film. Quant à Jean-Guillaume, le jeu d'acteur est déjà meilleur, mais le personnage est disons... sale ? Car lorsque le seul mot qui définit un personnage est "crotte de nez", on peut se demander qui s'est occupé du scenario. Quant à Benzaie, il reste fidèle à lui même et est sans doute le personnage le plus équilibré du film. Cependant, ces trois personnages, ainsi que 4 autres secondaires et quelques figurants, sont la seule trace de vie que vous verrez dans le film. On a constamment l'impression d'un vide constant, les rues ne sont-elles pas habitées bon sang ? Quant aux blagues, elle sont parfois un peu lourdes, mais surtout propres à l'univers de Benzaie. On en tombe jamais dans la connerie vulgaire de certains comédies hollywoodiennes, même si certains gags tendent à s'en approcher. Du côté technique maintenant, c'est pas si mal finalement, même si le son n'est pas très bien (l'exemple que je peux donner est le bruit dense de clients d'un café.. vide). Si je devais résumer mon avis sur le film, je dirais qu'il est aussi agréable à regarder qu'un Hard Corner, même si le monde du récit est désespérément vide et malgré l'intro en pixel art, trop bien réussie et trop en décalage par rapport à l'esprit du film.