Cette première adaptation de la saga de J.K Rowlings contient probablement autant de points forts que de points faibles, ce qui en fait tout logiquement un film moyen. Du côté des points forts, on a donc :
- Un casting adulte savoureux, dont je tirerais pour ma part le podium suivant : 1- Alan Rickman 2- Maggie Smith 3- John Hurt
- Une bande originale de John Williams absolument merveilleuse, avec l'un des derniers (ou simplement le dernier) grands thèmes que le compositeur nous ait délivré dans sa carrière
- Un grand soin apporté aux décors et aux costumes, donc à la création de l'univers magique de la future saga
- Une bonne photographie
- Quelques jolies idées, quelques scènes esthétiquement plus réussies : le prologue, le miroir du Risèd, la cape d'invisibilité
- Une adaptation fidèle
Mais il y a aussi les points négatifs :
- La mise en scène de Columbus est plate, académique. Des plans de durées égales, des champ-contrechamps en gros plan à la pelle. Tout est filmé de manière identique, sans sens du rythme ni sens du suspense...
- Le scénario possède le même problème de rythme : en gardant l'essentiel du livre, le scénariste Steve Klove enchaîne les séquences comme une suite d'épisodes, sans leur donner de souffle. Certains enchaînements de péripéties ne fonctionnent pas, car on ne sent pas véritablement les ellipses (l'exemple le plus concret étant l'enchaînement de l'éclosion du dragon Norbert chez Hagrid, avec la punition dans la Forêt interdite, qui semblent se dérouler la même nuit, alors que le dragon a déjà été renvoyé dans son pays entretemps).
- Les jeunes acteurs sont très moyens. Daniel Radcliffe est loin d'être Hael Joey Osment ou Macaulay Culkin. Il se débrouille, il a une bonne bouille, mais a du mal à transmettre les émotions de son personnage. Ses expressions sont artificielles. Emma Watson est, quant à elle, très loin d'être une Dakota Fanning, et c'est malheureusement assez catastrophique pour le personnage d'Hermione. Même défauts que Radcliffe, en pire. Rupert Grint, lui, s'en sort mieux, tout comme Tom Felton en Drago Malfoy.
- Les effets spéciaux en CGI sont plutôt très mauvais eux aussi : Touffu le chien à trois tête, le Troll, les enfants en CGI sur leurs balais de Quidditch, le bébé dragon Norbert, le Centaure. Et comme Chris Colombus n'est pas Steven Spielberg, ces mauvais CGI sont filmés platement, jamais mélangés à des effets techniques, et piquent les yeux.
En revoyant le film des années après en avoir été fan (à l'âge du personnage, 10-11 ans), ce qui crève les yeux est que le matériau de base de Rowlings était fait pour devenir un film Hollywoodien. Le livre contient toutes les recettes des blockbusters hollywoodiens, des sagas à la Lucas : parcours du héros, apprentissage du bien et du mal, etc. Le scénariste n'a rien eu à changer, ou à ajouter, sur ce point. Mais toute la sève des romans tient probablement à l'invention d'un univers, la création d'un monde parallèle riche et attachant. Pour la première adaptation au cinéma, ce point est plutôt bien adapté - d'autant que le premier tome est court et pas trop foisonnant. En revoyant le film des années après, on comprend aussi comment il pouvait être un miroir du Risèd à lui tout seul pour les enfants que nous étions : cette école est celle que nous aurions aimé intégrer. Harry y est bien souvent flatté, comme un héros qui s'ignore, dans ce premier opus. Adulte, le film se revoit avec la nostalgie de nos années de collège.