Avant de devenir un leadeur de la communauté gay, Harvey Milk était un homosexuel comme les autres, qui cachait son style de vie, restait au placard comme on dit. Lorsqu’il s’installe à San Francisco avec son compagnon pour ouvrir un commerce, la discrimination dont les gens comme lui sont victimes devient intolérable. Malgré les persécutions de la police, il ne baisse pas les bras et fédère autour de lui toute une communauté qui finit par avoir un réel pouvoir dans la ville. Désormais déterminé personnellement à ce que les choses changent, il milite pour que les droits civiles des homos soient reconnus et se présente en tant que conseiller municipal. Un parcours du combattant commence alors. Dans la communauté nombreux sont ceux en effet qui n’osent agir et voudraient rester discrets, tandis que d’autres préfèrent agir prudemment. Entre campagne pour s’assurer le soutien des diverses catégories de la ville et manifestation pacifique, son influence s’étend. Harvey Milk et son équipe se représentent année après année jusqu’à obtenir la victoire. Une ambition qui mettra hélas en péril son couple… Mais peu à peu, Harvey prend conscience de ce qu’il représente pour tous ces gens rejetés, vivant dans la peur et la honte, persuadés d’être anormaux, surtout les jeunes souvent rejetés par leur famille. Ce qui le pousse à ne pas abandonner. Son combat dépasse les frontières de San Francisco pour toucher tous les Etats-Unis.

Principale opposante : une odieuse catholique qui fait campagne pour abroger les lois qui protègent les homosexuels. Cette femme, en apparence bien sous tout rapport, milite au nom de la religion et de la moral, voit les homos comme une aberration, un comportement dépravé, déviant, le Mal en personne qui sape les fondations de l’Amérique. Son cheval de bataille : la proposition 6, qui permet aux écoles de virer les enseignants ouvertement gay, pour éviter que ces pédophiles ne recrutent les enfants dans leur perversion ! Des propos choquants de nos jours mais qui étaient pourtant ceux d’une partie de la population à l’époque. Ces opinions vont bien au-delà des moqueries et même de la discrimination. Elles montrent bien toute la répulsion que cette communauté pouvait engendrer, poussant les gens à bafouer les principes mêmes de compassion et d’égalité qu’ils revendiquent pourtant. L’évolution des consciences ne doit pas faire oublier que de telles opinions existent encore de nos jours, que l’homosexualité est encore parfois mal vue, et que si les gens ne l’expriment plus aussi ouvertement, beaucoup la considèrent encore comme une anomalie.
Le défi de Harvey va donc être de faire changer les consciences, montrer que les homosexuels ne sont pas des pervers mais des hommes comme les autres, en incitant tous les gay à se déclarer. N’ayant peur ni des contestations ni des menaces de mort, il organise conférences sur conférences.

Gus Vas Stant réalise un bel hommage pour cet Abraham Lincoln de la communauté gay. Il eu la bonne idée d’utiliser en parallèle de vraies images d’archives des événements qui ont eu lieu à l’époque, donnant un aspect documentaire qui rappelle que tout ce qui est raconté s’est bien produit, ce qui apporte une crédibilité au film. Sean Penn dans le rôle d’Harvey Milk joue sans fausse note un leader qui derrière les estrades et les micros a ses propres failles, ses propres doutes. Même si l’histoire humaine s’efface derrière le thème abordé, le personnage est malgré tout attachant, son combat exemplaire qui vaut pour toutes les formes d’oppression.

Personnellement, je ne connaissais pas du tout cet homme et le mouvement qu’il représentait, et je suis bien content de l’avoir appris grâce à ce film. Alors certes avec un tel sujet difficile d’échouer, il vaut à lui seul quasiment tout l’intérêt du film. L’approche documentaire peut gêner ceux qui auraient préféré une vraie histoire qui les aurait d’avantage touché. Mais « Harvey Milk » accomplit là une des missions du cinéma qui est d’amener les gens à réfléchir, à améliorer leur compréhension du monde. Peut-être n’aurait-il qu’un intérêt mineur pour celui qui connaissait déjà l’homme, mais pour moi il m’a beaucoup apporté et c’est pourquoi il gagne un 8 bien mérité.
Enlak
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le 21 mai 2014

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