L'immense popularité actuelle - parmi les aficionados - du roman policier scandinave tarde à s'infuser dans le domaine cinématographique... ce qui peut être attribué à la faiblesse de "l'industrie locale", à la différence de ce qui s'est passé dans la série TV ("The Killing", "The Bridge"). On ne boudera donc pas notre plaisir devant ce "Headhunters", d'ailleurs écrit par l'un des maîtres du genre, Jo Nesbo : nous avons affaire ici à un thriller froid et cérébral, à l'intrigue retorse - même si pas exempte d'invraisemblances, il est vrai -, et surtout travaillant remarquablement son ambiance, loin des clichés habituels. Entre une peinture minutieuse d'une société littéralement congelée par les simulacres de la réussite sociale et par l'avidité du gain, et des poussées vertigineuses de violence hardcore, qui nous valent une bonne demi-heure centrale qui fera se recroqueviller les spectateurs les plus endurcis, pour finir sur une note sentimentale surprenante mais assez juste, Morten Tyldum mène magnifiquement sa barque, et nous aide à oublier les ficelles d'une manipulation un peu trop maligne. La belle interprétation générale - et pas seulement le charisme du playboy de service, Nikolaj Coster-Waldau, dans un rôle certes effrayant, mais surtout bien écrit - finissent d'élever le film au dessus du tout venant du polar venu du froid. Maintenant, on attend la suite... [Critique écrite en 2016]
PS : Attention, le titre de cette critique est un spoiler !