Voici la grosse étrangeté du réalisateur Kirk Wong, Health Warning, aka Flash Future Kung Fu, son titre UK qui est peut-être le plus communément utilisé par les amateurs de ciné HK, probablement dû au fait que la version la plus facilement trouvable de nos jours se trouve être la vhs UK doublé en anglais. Cette version d’ailleurs, et ce n’est que mon humble avis, explique en partie pourquoi le film trouve tant de détracteurs et prouve qu’il ne faut jamais, au grand jamais regarder un film HK en version doublé en anglais, le sacrilège suprême !

Ceci dit, Health Warning est bien loin d’être un chef d’œuvre, mais on est également bien loin de toucher le fond du fond comme j’ai pu le lire à droite à gauche. Le film de Kirk Wong est bourré de défauts, c’est boiteux et il n’y a rien à dire là dessus. En revanche, le film a pour lui un aspect expérimental et une générosité qui jouent en sa faveur.

Kirk Wong a qui l’on doit le génial film de triade The Club 2 ans auparavant, s’engouffre dans le registre de la SF au risque de se prendre les pieds dans le tapis, ce qui est en partie le cas ici, d’autant plus lorsqu’on fait le choix du monde post apocalyptique comme terrain de jeu en ayant un budget rikiki pour réaliser son film. A certains moments, Health Warning se rapproche plus d’un film foireux philippin milieu 80′s post nuke (Cherycok appréciera en voyant une belle pseudo batmobile tout de tuyaux vêtus dans l’habitacle dégageant du gaz soporifique pour endormir ses occupants…), qu’un Mad Max d’où Kirk Wong a certainement tiré son inspiration. Le scénario est loin d’être le point fort du film et peut résonner comme une énigme pour certains, même si nous avons le droit quand même à deux textes d’introduction posant les jalons de l’histoire, mais qui ne sont malheureusement pas sous-titrés en anglais. Alors c’est sûr, sans cette explication de texte, on peut être surpris par la présence de ce groupe de néo-nazis. Ces derniers usent de violence et de technologies sur les jeunes paumés du coin, afin de réaliser sur eux des expériences en les rendant serviles et dénués d’esprit pour faire régner la terreur dans ce monde chaotique dirigé par la drogue et la violence, où les derniers survivants n’ont plus de repères, si ce n’est ceux apportés par les écoles d’arts martiaux qui subsistent.

Pour en terminer avec les choses qui fâchent, la musique d’intro du film qui reviendra à certains passages par la suite est peut-être l’utilisation du synthé la plus horrible qu’il m’ait été donné d’entendre dans le cinéma hongkongais, c’est dire ! Mais à côté de ça, ce qui est extraordinaire, c’est que ce même synthé réussi par moments à délivrer une ambiance particulière, pesante et même malsaine à la Blade Runner (cf scènes de boîtes de nuit) mêlée à un esthétisme certain appliqué à la photo vraiment pas inintéressant pour l’amateur de ciné obscure qui aime se risquer dans ce genre de production perdue.

Enfin, Health Waring vaut également le coup d’œil pour la prestation de Johnny Wang Lung Wei qui se bat comme un beau diable (au sens propre comme au figuré) tout au long du film dans l’un de ses rares premiers rôles qui lui ait été donné d’assurer. Et c’est d’autant plus jouissif quand le bonhomme se mue dans la peau d’un Steve Austin pour ainsi botter le cul aux néo-nazis. Outre le final sur un ring avec le « boss final », le combat « what de fuck » reste sans nul doute celui avec un Elvis Tsui homo adepte de boxe thaï. C’est pas un beau programme ça ? Bon. On oubliera pas malgré tout le passage vraiment ridicule ou l’ami Johnny s’en va courir et couper du bois en pleine forêt et ouvrir sa canette de bière à la hache… On regretta tout de même la prestation mollassonne d’Eddy Ko ainsi que la disparition trop rapide de Ray Lui du programme mais on retiendra les bonnes performances des deux interprètes féminines principales.

Au final, Health Warning souffle le chaud et le froid. Il est certes un gros plantage en soit si l’on se rappelle que c’est la même personne qui a réalisé The Club ou autre True Colours. Par conséquent, il constitue une grosse étrangeté dans la filmographie de Kirk Wong. Mais si on le regarde comme une série b à faible budget qui sort des sentiers battus, un film qui se libère des attentes que l’on exige presque de son réalisateur talentueux, alors Health Warning est plutôt bon à prendre. Et le film est tellement « out of this world » que le coup d’œil est obligatoire pour les aficionados du cinéma HK. Ça a beau être foireux, quand je ne vois pas le temps passer, ben moi ça me plait !
Supavince
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le 4 nov. 2013

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