Hear Me
6.7
Hear Me

Film de Fen Fen Cheng (2009)

Quand les sentiments transcendent les mots

Il en faut parfois peu pour être charmé. Hear me n'a pas toutes les qualités pour être un chef-d'oeuvre, mais il m'a indéniablement captivée pendant deux heures, de par son thème plutôt inédit et ses attachants personnages.


Ce long métrage taïwanais met en effet en avant un handicap peu abordé dans les comédies romantiques (voire pas abordé tout court, en fait) : la surdité. Ce sont les deux héroïnes, Yang Yang et Xiao Peng, qui vont en être victimes, sans que cela cause la moindre gêne à Tian Kuo, un jeune garçon qui va entrer dans leur vie et ne va pas tarder à éprouver de l'affection pour Yang Yang. Tout l'intérêt de Hear me se trouve donc dans la relation toute douce qui va se tisser entre les deux adolescents, sans qu'aucun mot ne soit nécessaire, mais j'y reviendrais. J'ai trouvé que l'handicap des deux sœurs est très bien traité, à sa manière. A cela s'ajoute la peur d'être un fardeau pour l'autre, la discrimination et plein d'autres réalités auxquelles on ne pense pas forcément mais qui ajoutent du relief à l'oeuvre. En ces termes, la scène de confrontation entre sœurs était très forte et en disait long sur le mal-être, malheureusement inévitable, allant de paire avec cet handicap et entravant les relations avec les autres.


Malgré tout, le film reste lumineux et extrêmement doux. Après tout, pourquoi l'un empêcherait l'autre ? J'ai adoré la manière dont Tian Kuo traite Yang Yang, comme si aucun handicap n'entravait leur relation. C'est d'ailleurs par la simple présence du personnage qu'il m'arrivait de sourire bêtement lors de certaines scènes. Il faut dire que le couple est particulièrement adorable de par sa complicité et sa joie de vivre. Pour une fois, le passage entre la drague et l'amour est bien amené, on joue encore un peu sur la carte du coup de foudre (ce grand indémodable), mais j'ai trouvé cela bien plus naturel que dans un certain nombre de productions du genre. Cela n'évite malheureusement pas certaines scènes quelque peu ridicules (je pense à la tentative de réconciliation... déguisé en arbre ....), mais l'ensemble est tellement mignon que cette maladresse est bien vite oubliée. La scène de confession, amenant un twist final auquel je ne m'attendais absolument pas, était par exemple très jolie. Ainsi, cela fait un petit pincement au coeur de quitter ces deux là, malgré un happy ending très satisfaisant !


L'autre point très fort du film était donc, comme j'en ai parlé un peu plus tôt, la relation au delà des mots qui unit Yang Yang et Xiao Peng, toutes deux soumises à la surdité. Le plus intéressant étant bien évidement l'attitude de la cadette choyant l'aînée pour qu'elle puisse aller vers son rêve sans que son handicap ne la freine. Un sens du sacrifice très touchant et que l'on retrouve d'ailleurs dans toutes les actions de la jeune fille. L'aînée, quant à elle, tente de faire avec ce dévouement aveugle pourtant encombrant et fait tout pour donner un sens aux actions de sa petite sœur. Dommage que l'on ne voit finalement que peu Xiao Peng, qui ne se dévoile qu'en s'emportant contre l'héroïne. Doublement dommage quand les deux sœurs étaient aussi attachantes l'une que l'autre.


La réalisation du film est à nouveau un point fort : pourtant sans grande originalité dans le fond, j'ai adoré le silence qui se dégage de ce film, rappelant à la situation de l'héroïne qui vit dans le silence. Sans musiques parasites, on peut bien plus aisément se focaliser sur le langage des signes, d'ailleurs exécuté de manière très fluide (chapeau aux acteurs qui n'ont presque pas utilisés leurs voix !)


Concernant les acteurs justement, les deux interprètes principales, Ivy CHEN et Michelle CHEN étaient très convaincantes dans leur rôle. Elles étaient également toutes deux particulièrement adorables. En revanche, malgré des mimiques et une interprétation mignonne comme tout, Eddie PENG a une tendance à surjouer qui pouvait parfois agacer. Mais le tout reste tellement mignon qu'on lui en tiens difficilement rigueur.


Quand l'handicap est une porte ouverte à divers sentiments, cela donne Hear me, une adorable et sincère comédie romantique qui rappelle les moments les plus doux de notre existence. Simple, mais pas moins juste et touchant.

Manga_Suki
8
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le 7 août 2016

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