Cœur de pierre, Cœur de Thòr, Cœur de Christian

Islande, terre de feu et de glace, capable d’exploser aussi vite que le tempérament d’un garçon de 13 ans. C’est cette période de notre vie où notre corps se métamorphose, souvenez-vous la puberté. Là où on inspecte chaque recoin de sa morphologie guettant la naissance de pilosité pubienne ou brachiale. On découvre les autres, les filles, les garçons. Thòr et Christian sont deux amis qui passent la plupart de leurs journées ensemble.
Constamment partis en vadrouille dans leur village, ils pêchent, fouillent les carcasses de voitures et draguent les filles du coin. Thòr est un gamin introverti, il n’aime pas qu’on le dérange. Impulsif il se chamaille avec ses sœurs dans un climat familial tendu. Pour lui c’est tout trouvé, il veut une petite copine. Christian, quant à lui, ne sait pas ce qu’il veut. Bien sûr, c’est drôle de draguer les filles comme tout le monde, mais il est retenu par autre chose. Les garçons, oui, les garçons c’est joli aussi, peut-être plus que les filles même. Mais est-ce que c’est normal ? Faut-il rentrer dans la norme ou vivre ses passions ouvertement ? Et puis le père de Christian, les gays il ne les aime pas, il les frappe même, comme quand il frappe sa femme et son fils.
Quand la tension dans les deux maisons est trop forte, les compères s’évadent dans la nature, jouent au foot au cœur de paysages que la caméra de Gudmundur sublime. Christian regarde son ami avec des yeux envieux, des yeux amoureux que Thòr ne comprend pas ou cherche à éviter. Les deux jeunes acteurs réalisent là une performance étonnante. Les personnages sont les vecteurs de sensations et expériences universelles (le premier baiser d’amour, le flirt, la masturbation) ou particulières (la séparation des parents, la haine envers les conquêtes de la mère) dans lesquelles nombre de spectateurs peuvent se retrouver. Le son nous révèle le moindre effleurement de peau, la moindre respiration ; les cris d’une jeunesse qui s’époumone et brave les interdits parentaux. Les deux enfants endossent des rôles complexes qu’on a l’habitude de voir interprétés par des adultes. Déjà sélectionnés dans plusieurs centaines de festivals et lauréats de 50 prix, les courts métrages de Gundmundur Anar Gundmunsson ont conquis les spectateurs. Dans ce premier long métrage, il semble continuer sur sa lancée en proposant un film émouvant avec des personnages attachants.

Auguie
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le 21 déc. 2017

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