Si tu veux faire d'vieux os dans c'métier, sois libre comme l'air

En 1995, "Heat" permet aux deux monstres sacrés que sont Al Pacino et Robert De Niro de se donner la réplique à travers l'affrontement d'un chef de gang redoutable et d'un lieutenant de police opiniâtre.

Ce film explore l'univers policier de Los Angeles et parallèlement, met en scène la vie quotidienne de braqueurs professionnels. Michael Mann, à la fois producteur, scénariste et réalisateur, fait mouche en ce qui concerne l'organisation criminelle et leur obsession de la maîtrise. Pourtant, la partie intime consacrée aux familles des protagonistes est peut-être la moins réussie: on y sent le cinéaste moins à l'aise que dans les scènes spectaculaires comme celle de la fusillade en pleine avenue, avec son déluge de projectiles.
Bien que trés apprécié par le public, le long-métrage a malheureusement le goût amer d'un cinéma qui n'est plus peuplé de héros triomphants, mais de fantômes armés à la poursuite d'eux-mêmes. On trouve d'un côté le flic et son troisième mariage qui bat de l'aile, et de l'autre, le voleur qui ne souhaite désormais plus qu'une chose, se ranger et partir pour les îles aux côtés de sa nouvelle compagne.

Si la partie émergée de l'iceberg est le face-à-face anthologique entre Al Pacino et Robert De Niro, le film ne prendrait assurément pas une telle épaisseur sans la présence des innombrables personnages secondaires: Val Kilmer, Tom Sizemore et Jon Voight en complices acharnés; Donald Breedan en gangster fraîchement libéré sur parole. Diane Venora, Ashley Judd, Nathalie Portman et Amy Brenneman, quant à elles, apportent une touche féminine efficace.

Épaulées par toute une ribambelle d'interprètes/compositeurs de talent allant d'Elliot Goldenthal jusqu'à Brian Eno en passant par Moby ou encore Terje Rypdal, les partitions musicales de la B.O crééaient une ambiance adéquate à l'action de la production.

Ce faux polar souffre de quelques longueurs mais la belle brochette d'acteurs vaut le coup d'oeil.