Mis à part La Route et Stake Land, les films post-apocalyptiques ne courent pas les rues de nos jours. Alors lorsqu’un petit nouveau pointe le bout de son nez, l’amateur du genre que je suis s’y intéresse forcément et ce Hell avait de quoi être intriguant sur le papier étant donné que c’est un film allemand, réalisé par un suisse et produit par Rolland Emmerich (Independance Day, Le Jour d’Après). Mais comme beaucoup de mes films, par manque de temps, il reste dans un coin, un peu oublié, pendant plusieurs mois…jusqu’au jour où d’un coup d’un seul il va ressurgir d’outre tombe et me rappeler que les petites productions réservent souvent bien des surprises.

Là où on pourrait croire que le titre fait référence à l’Enfer que vont vivre les personnages, « Hell » voulant dire « Enfer » en anglais, il faut plutôt se tourner du côté de l’allemand où « Hell » signifie « Lumineux » et du coup, ce titre qui aurait pu sembler complètement bateau prend toute sa signification. Lumineux est bien le mot exact pour définir l’ambiance post-apo du film, où le soleil règne en maitre, avec ces scènes en extérieurs tournées en surexposition mais dont le rendu est absolument sublime. L’ambiance y est pesante, oppressante, c’est même déstabilisant au début et on se prend même à plisser un peu les yeux tels les héros du film à cause du surplus de lumière.
Néanmoins, l’univers dépeint est très crédible, avec ces forêts cramées par le soleil avec ces arbres qui choquent presque par leur absence totale de feuilles, où l’eau est la denrée la plus rare, à tel point que les personnages vont jusqu’à récupérer l’eau des toilettes voire même des chauffages jusqu’à la moindre gouttelette. La survie est réellement bien rendue jusque dans les accoutrements des héros vêtus de tenues dignes des bédouins du Sahara, couverts de la tête aux pieds pour ne pas cramer au soleil. La musique quasi inexistante et le rythme un peu lent rendent l’ensemble encore plus étouffant.

Le casting principal est d’ailleurs très convaincant et leurs personnages très humains, parfois courageux, d’autres fois lâches quand il s’agit de sauver sa peau. Mais le film nous montre également une facette bien plus obscure de l’être humain qui devient presque une bête lorsque sa survie est en jeu, ce point là est d’ailleurs plus qu’appuyé lorsque la famille de dégénérés façon Massacre à la Tronçonneuse entre en jeu lorsque le film fait un virage à 90° pour aller vers le survival, délaissant par la même occasion son ambiance visuelle si singulière.
Ce long passage va révéler l’héroïne, simple suiveuse au début, mais bien plus entreprenante à partir de là où elle et sa sœur vont être en danger immédiat face à cette famille cannibale qu’on comprend malgré tout dans un sens (manger à tout prix pour survivre).

Malheureusement, ce changement abrupt des genres ne sera pas bénéfique au film tant on est en deçà des scènes extérieures de toute la première moitié du métrage. Tous les clichés des films du genre sont là, avec l’habituel repas craspec en « famille » ou la salle de découpe et ses crochets de boucher.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul point négatif du film, et on trouvera ça très étrange qu’après apparemment déjà plusieurs années de survie sous ce soleil de plomb, nos survivants n’aient pas pris l’habitude de rouler de nuit, « à la fraiche » comme on dit. Et puis, pourquoi ne pas fermer la voiture quand on s’absente quelques minutes ? Pourquoi se séparer alors qu’on est bien plus fort lorsqu’on reste groupé…

Mais malgré ces petites fautes, Hell a eu un effet hypnotique sur moi. Son final mémorable, violent, sec et plein d’espoir après un film d’une grande noirceur, sans la moindre pointe d’humour, ne pouvait pas mieux tomber d’autant plus qu’elle est diablement bien mise en scène. Jamais prétentieux, Hell est une très jolie surprise qui nous prouve que le genre post-apo n’a pas encore dit son dernier mot.
cherycok
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le 18 mai 2013

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