Bien, comme d'hab', musique. Primus - Devil went down to Georgia


Autant commencer par te dire tout de suite qu'en matière de Guillermo, je navigue à vue.


Je connais le bonhomme de nom, bien sûr, qui ne l'a jamais entendu cité ... mais quant à ses œuvres peau de zob, comme dirait l'autre.
La faute à ces foutus préjugés dont je suis perclus. Ces tares qui me poussent à repousser les films français et les Blockbuster bien gras.
Pour les péloches française les films un peu daté passe encore, le nouveau à deux-trois exceptions près je le vomis.
Même quand c'est bon, c'est automatique. J'y peux rien.


Les blockbusters, hormis quelques rares spécimens, produisent chez moi un peu près le même effet émétique - là je suis fier de pouvoir placer un synonyme de vomitif, j'me dis que ça fait intelligent - que l'ingestion d'un Boletus satanas*.


Mais ici c'est l'amour du matériau qui transpire, malgré les maladresses, malgré quelques CGI un peu voyants qui m'ont gâchés l'arrivée des Légions Dorées. Moi après le comics je connais pas, j'ai pas vraiment grandi avec les comics tu vois, j'commence juste à en toucher quelques uns.


J'aime bien, ouais, merci de t'en soucier.


Ici notre grand cornu se retrouve face au doppelgänger de Légolas. Un dark elfe un poil ténébreux, blanc comme un cul et remonté contre les humains qui crament de la forêt, détruisent la planète et font rien qu'à faire les cons.


L'introduction te colle déjà bien dans le bain je trouve, ce petit passage animé avec Trevor « Broom » Bruttenholm aka John Hurt (j'étais persuadé qu'il était mort, apparemment non) qui raconte l'histoire des légions dorées à un jeune Hellboy particulièrement immonde.
Le scénario est simple, sinon, j'peux te le résumer rapidement au cas où t'aies pas pensé à aller voir le synopsis. Les légions D'or au service des elfes ayant pratiquement exterminées les humains durant la guerre hommes versus créatures fantastiques, le roi des elfes fût pris de remord au grand dam de son fils, le prince Nuada et décida d'enfermer les légions, de séparer la couronne qui lui permettait de les commander en trois pièces et de faire la paix avec les Hommes.


De nos jours, donc, le prince Nuada décide de revenir pour apprendre le respect aux humains en réactivant ces fameuses légions indestructibles. Faisant irruption dans une vente aux enchères pour récupérer un morceau de couronne, il se met en quête de venger les créatures fantastiques en collectant tous les morceaux de couronne.


On retrouve un casting que l'on a appris à aimer dans le volet n°1 de la saga, ce qui permet d'en développer les caractères et d'approfondir les interactions entre eux. Si le professeur Trevor Broom ainsi que John Myers pointent aux abonnés absents, le casting de nos héros s'enrichit d'un personnage intéressant à l'accent allemand prononcé : Johann Krauss, homme-fumée sympathique quoique tatillon plus ou moins contenu dans un scaphandre aux allures steampunk.


L'histoire inédite développée par Del Toro en collaboration avec Mike Mignolia permet à ce dernier de développer des thématiques plus personnels.
Exit le manichéisme primaire du premier volet où les nazis méchant voulaient détruire le monde parce que pourquoi pas, ici l'antagoniste à un but aussi louable, sinon meilleur, que celui nos protagonistes principaux. Luttant pour la survie des créatures fantastiques contre un être humain de plus en plus envahissant, égoïste et stupide, il démontre souvent le bienfondé de son combat tant et si bien que je me suis retrouvé à me demander pourquoi Hellboy ne prenait pas son parti.



Nuada: We die and the world will be poorer for it.



La scène - magistrale, s'il en est - du combat entre l'élémentaire et notre démon préféré est à ce titre frappante, montrant la stupidité des engagements de Hellboy qui finit par flinguer la biodiversité magique en maravant la tronche du dernier élémentaire vivant pour se faire accepter parmi les humains. Humains qui, au passage, l'insultent copieusement.
Ici je me demande si il n'y a pas une version director's cut nous permettant de mieux comprendre le cheminement de la pensée de Hellboy. Parce que la simple pensée "je veux être humain, je veux qu'ils m'aiment" ne justifie pas à mon sens les choix de "Red".


L'antagoniste de cet opus est d'autant plus intéressant que son sort est intimement lié à celui de sa sœur jumelle, la princesse Nuala qui elle est aussi douce qu'altruiste. Touchant le cœur d'Abe Sapiens, elle est aussi la cause de bien des tracas, forçant notre démon à un combat prudent contre Nuada.


C'est visuellement que Guillermo del Toro démontre toute sa maestria et nous épate. S'entourant judicieusement à la photographie de Guillermo Navarro (responsable photo' sur Le Labyrinthe de Pan, Hellboy et habitué à collaborer avec le réalisateur mexicain) et d'une équipe conséquente (Stephen Scott est le chef décorateur, Hitesh Bharadia en chef éclairagiste qui avait déjà tenu ce rôle sur le tournage de Charlie et la Chocolaterie, Peter Francis à la direction artistique qui avait notamment bossé sur Harry Potter à l'école des sorciers, une équipe impressionnante dédiés aux effets spéciaux, modélisation, animatronics et marionnettes diverses ...). Le résultat est particulièrement bluffant et Del Toro parvient sans peine à nous immerger dans son univers.


Mêlant habilement des images de synthèse à des marionnettes et décors traditionnels il donne un côté organique où le merveilleux tutoie le grotesque, où un marché de trolls devient lieu de milles et une trouvailles visuelles, où un combat contre un élémentaire titanesque se clôt en juxtaposant mort et émerveillement.


Jamais avare en punchlines bien senties, Hellboy II offre un ensemble plutôt drôlatique - notamment la scène de biture entre Blue et Red - avec un Ron Perlman incarnant à la perfection l'irascible démon au comportement capricieux bien forcé de grandir et de trouver le moyen de s'accepter en s'affranchissant du regard des autres. Notons que la romance entre Hellboy et Liz prend une tournure convenue et relativement peu intéressante mais heureusement pas trop pesante.


Globalement une réussite malgré quelques combats manquant étonnamment de punch, Hellboy II permet à Del Toro de dépasser le cadre du comics pour nous faire pénétrer son univers fourmillant, plein de vie, de bizarreries tout en développant des thématiques intéressantes sans tomber dans un manichéisme basique et bas du front.


*Le Bolet Satan, champignon de la famille des Boletaceae se trouve être facilement identifiable de par sa couleur rouge vif. Relativement toxique, l'ingestion de ce spécimen cru ou cuit provoquera chez le malheureux consommateur de violentes nausées en plus d'un effet laxatif relativement indésirable.
J'aime bien les champignons.

Petitbarbu
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le 29 nov. 2015

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Petitbarbu

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